mardi, janvier 30, 2007

Les Bobos

A la demande de Mylène, voici les paroles de la dernière chanson de Renaud, qui décrit assez bien cette classe de la population, les bobos:

On les appelle bourgeois bohêmes
Ou bien bobos pour les intimes
Dans les chansons d'Vincent Delerm
On les retrouve à chaque rime
Ils sont une nouvelle classe
Après les bourges et les prolos
Pas loin des beaufs, quoique plus classes
Je vais vous en dresser le tableau:

Sont un peu artistes c’est déjà ça
Mais leur passion c'est leur boulot
Dans l’informatique, les médias
Sont fiers d'payer beaucoup d'impôts

Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos

Ils vivent dans les beaux quartiers
ou en banlieue mais dans un loft
Ateliers d’artistes branchés,
Bien plus tendance que l'avenue Foch
ont des enfants bien élevés,
qui ont lu le Petit Prince à 6 ans
Qui vont dans des écoles privées
Privées de racaille, je me comprends

ils fument un joint de temps en temps,
font leurs courses dans les marchés bios
Roulent en 4x4, mais l’plus souvent,
préfèrent s’déplacer à vélo

Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos

Ils lisent Houellebecq ou Philippe Djian,les Inrocks et Télérama,
Leur livre de chevet c’est Surand
Près du catalogue Ikea.
Ils aiment les restos japonais et le cinéma coréen
Passent leurs vacances au cap Ferret
La Côte d'Azur, franchement ça craint
Ils regardent surtout ARTE
Canal plus, c’est pour les blaireaux
Sauf pour les matchs du PSG
et d’temps en temps un p'tit porno

Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos

Ils écoutent sur leur chaîne hi-fi
France-Info toute la journée
Alain Bashung Françoise Hardy
Et forcement Gérard Manset
Ils aiment Desproges sans même savoir
que Desproges les détestait
Bedos et Jean Marie Bigard,
même s’ils ont honte de l’avouer
Ils aiment Jack Lang et Sarkozy
Mais votent toujours Ecolo
Ils adorent le Maire de Paris,
Ardisson et son pote Marco

Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos

La femme se fringuent chez Diesel
Et l'homme a des prix chez Kenzo
Pour leur cachemire toujours nickel
Zadig & Voltaire je dis bravo
Ils fréquentent beaucoup les musées,
les galeries d'art, les vieux bistrots
boivent de la manzana glacée en écoutant Manu Chao
Ma plume est un peu assassine
Pour ces gens que je n'aime pas trop
Par certains côtés, j'imagine…
Que j'fais aussi partie du lot

dimanche, janvier 28, 2007

Paris insolite ?

Hier après-midi, une amie et moi avions rendez-vous dans le quartier Montorgueil, pour un peu de shopping soldesque. Elle voulait aller chez Agnès B ; quant à moi, je n’avais pas de préférence, à part un peu de lèche-vitrines au hasard des rues.

Pour les néophytes, Agnès B est une marque de vêtements réputée pour le bon goût de sa créatrice et prisée à la fois des bobos et des Parisiennes Rive Gauche (ceci n’excluant pas cela). Pour compléter le mix marketing de la marque, son positionnement prix correspond à sa cible de clientèle, bref c’est assez cher : comptez au minimum 130 euros pour une chemise ou un cardigan.

En ce qui me concerne, je possède dans mon placard une jupe noire Agnès B, achetée ultra-soldée à la Vallée Village (centre commercial à côté de Disneyland Paris bourré de magasins d’usines).

Mon amie et moi nous promenons donc dans le rayon ‘Soldes’ –à l’exclusion des rayons ‘Nouvelle collection’, compte en banque oblige-, en sélectionnant des articles. Il reste très peu de choses à ma taille et je ne prends donc rien sur les portants, mais mon amie est plus chanceuse que moi.
Arrivées devant le rideau des cabines d’essayage, mon amie me dit : « tu peux venir avec moi, ça ne me dérange pas ; de toute façon, ce sont des cabines collectives. »
Elle pousse le rideau, et en effet, nous tombons nez-à-nez avec des femmes, jeunes et moins jeunes, en collants opaques (les prévoyantes) et en culotte jetable (les touristes japonaises ; ce n’était donc pas un mythe).

Quel n’est pas mon étonnement devant cette vision ! Faut-il viser le haut-de-gamme pour avoir droit à des cabines collectives ? Elles sont pourtant individuelles jusque chez H&M, temple de la mode à tout petit prix !
Alors, manque de place dans un quartier inabordable, ou bobo-attitude caractérisée ? Je ne sais.

Toujours est-il que c’est la même histoire dans le magasin d’à côté (autre marque de fringues, positionnement similaire), où j’essaye et achète une robe et un T-shirt à moins 50% ; finalement, les cabines collectives, on s’y fait sans problème, du moment qu’on a l’impression de faire des affaires !

mercredi, janvier 24, 2007

Paris, l'hiver



Le jardin des Tuileries...




Le Pont Alexandre III

vendredi, janvier 19, 2007

Denise


Un week-end pluvieux de décembre dernier, j’ai rendez-vous avec la meilleure amie de Denise. J’ai l’espoir d’en apprendre davantage sur la vie de ma grand-mère, dont on m’a tant dit à quel point je lui ressemble.
J’appréhende cette entrevue, me souvenant d’une dame au profil de requin et qui n’a pas sa langue dans sa poche. Mais j’ai envie de nous donner une seconde chance, pour le souvenir de ma grand-mère, et pour celui de leur amitié.

Sous une pluie battante, ma mère et moi marchons jusqu’à la butte aux Cailles, où Eveline vit seule, à présent.
Arrivées chez elle, nous nous asseyons dans de petits fauteuils Louis XVI à la tapisserie fatiguée, et très espacés les uns des autres. L’atmosphère n’est pas vraiment à la confidence, dans ce grand salon meublé avec parcimonie et austérité par des pièces d’un autre âge.

« Que veux-tu savoir ? », me demande Eveline de but en blanc.
- Tout d’abord, j’aimerais que vous me disiez comment vous avez rencontré Mamie.
- Eh bien, nous étions ensemble au lycée à partir de la quatrième… Mais nous n’étions pas amies à l’époque. Je me souviens essentiellement de Denise comme une jeune fille enjouée et espiègle. Elle s’était moquée de moi en cours d’anglais parce que je répondais toujours juste. Evidemment, avec une mère professeur d’anglais, je me devais de tout savoir ! Enfin bref.
Nous nous sommes perdues de vue en première, car chacune a dû fuir Paris à cause de la guerre. Nous nous sommes retrouvées par hasard le premier jour de fac.
Au milieu de cette foule d’inconnus, nous nous sommes tombé dans les bras.
- Vous vous êtes donc revues à la fac. En quelle année et à quelle université était-ce ?, je demande.
- Eh bien, en 1940, en fac de droit !! Mais tu débarques, ma pauvre fille !! »
Eveline se tourne vers ma mère, le regard interrogateur : « ta fille n’est vraiment au courant de rien !! »

Moi, ne rien savoir sur ma grand-mère ?
En voilà un beau coup de poing dans le ventre ! Péniblement, je me reprends et demande à Eveline quel était le caractère de ma grand-mère.
« C’était une jeune femme souriante, ironique.
Avec ses yeux si bleus et ses cheveux si noirs, elle captait l’attention… Il fallait la voir, entourée de jeunes filles et de jeunes gens, qui marchaient avec elle le long du boulevard Saint-Michel, pour aller du Panthéon à la station de RER : comme elle habitait Saint-Denis, elle faisait le trajet avec d’autres étudiants qui habitaient en banlieue.

Ta grand-mère au eu un grand chagrin d’amour avant de rencontrer ton grand-père : elle était amoureuse d’un garçon qui avait fait Navale pendant la guerre. Elle a été présentée aux parents, et ils ont failli se fiancer après la guerre, mais c’est le moment où le garçon est parti en Indochine… Il a rompu avec elle avant son départ, ne sachant pas quand ni s’il rentrerait. Le garçon a été tué sur le Mékong peu de temps après.
D’ailleurs, la photo de jeune officier que vous avez retrouvée dans les affaires de Denise est peut-être lui.

Quand Denise s’est fiancée avec ton grand-père, je l’ai invitée chez nous pour qu’elle nous le présente.
On a sonné à la porte, j’ai ouvert. Denise se tenait derrière ton grand-père, l’air furieux. Il ne bougeait pas, comme s’il voulait prendre racine sur le paillasson. Denise l’a poussé, lui disant avec violence « entre !! » Ta grand-mère était quelqu’un de très doux, et je ne l’avais jamais vue en colère ; mais ce jour-là…
Ton grand-père est entré chez nous, penaud. Sans s’asseoir ni enlever son manteau, il a marmonné que c’était une erreur, qu’il s’excusait, et il est parti. Denise est restée là dans l’entrée, interdite, puis s’est effondrée.
Ce goujat venait de rompre avec elle !
Je suppose que tu connais cette histoire ; à la mort de ta grand-mère, j’ai donné à ta mère le brouillon de lettre que j’ai envoyée ce jour-là à ton grand-père, ainsi que sa réponse. »

Je confirme d’un hochement de tête : c’est en effet la lecture de ces lettres, qui défendent farouchement Denise, qui m’ont poussée à vouloir rencontrer Eveline et à me dire que, aussi difficile d’abord soit-elle, elle a profondément aimé ma grand-mère.

« La mère de ton grand-père, toute paysanne qu’elle était, souhaitait pour son fils un meilleur parti que Denise, qui n’était que fille d’employé municipal de Saint-Denis… »

Eveline babille, fait des apartés, digresse et, dehors, la nuit tombe. J’apprends peu de faits nouveaux sur ma grand-mère, mais j’entends dans la voix de la vieille dame l’attachement qu’elle portait à son amie.
Cela demeure à tout instant enrobé d’un voile de pudeur que je n’essaye pas de percer.

« Votre grand-mère vous aimait plus que tout. Quand j’allais chez elle à Paris, je voyais vos quatre emplois du temps, à toi et tes cousins, soigneusement scotchés sur le réfrigérateur. Votre grand-mère regardait sa montre chaque fois qu’elle passait devant, et pensait à vous en s’imaginant à quel cours vous assistiez au même moment. Moi aussi, j’aime beaucoup mes petits-enfants, mais je ne leur ai jamais demandé ce qu’ils faisaient en classe ! Je ne sais pas si vous rendiez pour moitié à votre grand-mère tout l’amour qu’elle vous portait. »

Vous pouvez dire tout ce que vous voulez, chère Eveline, ma Denise à moi est aussi dans mon cœur, avec moi, pour toujours…

Au bout de deux heures, je prends congé de la vieille dame. J’ai noté recto-verso deux feuilles A4, mais je ne sais pas encore quand je vais mettre cela au propre.
J’ai l’impression que parler de ma grand-mère avec d’autres, dire à ma mère mon projet de livre, m’en a dépossédée.
Elle était ma grand-mère, et soudain, elle est une amie, une fille, une mère, une fiancée, une épouse…
Serait-elle en train de jouer avec moi, de là où elle est ? Là où elle est, légère et libre, elle est redevenue la jeune fille espiègle dont a parlé Eveline, et elle me dit : « je suis ta grand-mère, je le serai toujours, mais je suis aussi plein d’autres personnes, et tu dois t’en souvenir si tu veux écrire sur moi. »

Mon regard glisse à gauche de l’écran de l’ordinateur, vers le cadre qui est depuis toujours sur mon bureau. Dans le cadre, une photo d’elle vers ses vingt ans. Aujourd’hui, j’y vois mon visage dans le reflet. Les mêmes yeux, les mêmes sourcils, la même expression.

Quand je quitte Eveline, cette dernière a une ultime phrase pour moi : « ta grand-mère était quelqu’un de profondément fidèle. Si tu te souviens d’une seule chose, souviens-toi de celle-là. »

Alors moi aussi, je me dois de lui être fidèle.
Si j’arrive un jour à écrire ce livre sur elle.

jeudi, janvier 18, 2007

La loi de Murphy

Je ne croise jamais personne dans mon immeuble.

Sauf le soir, quand, rentrant du travail, j’ouvre mon courrier ‘intime’ devant l’ascenseur et que mon charmant voisin en sort.
Sauf quand je suis malade, le nez rouge, le brushing par-dessus bord et le jogging douteux. Of course.

Blottie sous le plaid du canapé, je termine L’Elégance du Hérisson, lève mes petits yeux meurtris vers l’entrée. Devant ma porte, ma valise vide à mettre à la cave, le sac poubelle plastique pour le non-recyclable, et le sac papier pour le recyclable.

Cette vue me gêne, c’est fait exprès : je poste toujours le tout devant ma porte d’entrée, afin que le choc visuel me force à descendre les poubelles (et ranger ma valise quand je reviens de voyage).
Aujourd’hui, mes quarante de fièvre ne doivent pas faire exception, et je me fais violence pour m’extraire du canapé et chausser mes vieilles bottes en daim. Avec mon jogging pattes d’eph’, j’aurais presque l’air d’un cosaque.

J’attrape la clé et les marchandises, ouvre la porte et appelle l’ascenseur.
Pourvu que je ne croise personne.
A cette heure de la journée, cela m’étonnerait.
L’ascenseur arrive, je monte dedans. A peine parti, il s’arrête, au troisième étage. Flûte. La voisine du dessous entre ; « b’jour », marmonné-je en poussant ma valise. Tiens, elle est suivie par son canon de fils ; je baisse les yeux en réprimant un reniflement. La lumière de l’ascenseur est-elle moins cruelle dans le petit coin ? J’espère…
Premier stop, le rez-de-chaussée et son local à poubelles. Ma voisine et son superbe fils descendent au niveau -1, ils s’effacent donc pour me laisser passer, ma valise dans une main, mes sacs poubelles dans l’autre, et ma tête enfoncée dans le sweat-shirt trop grand de Clément.
Dans le local à poubelles, les récipients pour le recyclable sont déjà pleins, et je dois répartir mes déchets dans les trois containers verts, en faisant attention pour que rien n’en tombe.

Retour dans l’ascenseur, direction le sous-sol avec ma valise.
Pour le coup, je n’ai JAMAIS croisé qui que ce soit dans le couloir des caves. Cela est parfois effrayant, mais, aujourd’hui, c’est une perspective rassurante.
Evidemment, en tournant la clé dans la porte d’accès, je sens bien que celle-ci n’est pas fermée à double tour… et que donc, quelqu’un s’y trouve déjà !
Bien vu. Une de mes voisines farfouille dans sa cave. La pauvre, je lui fais peur en faisant claquer la porte ; ou est-ce mon accoutrement de racaille qui l’effraie ?
Je me glisse vers ma cave, pose ma valise et rentre prestement chez moi.

Soyons positifs : je n’ai pas croisé mon charmant voisin !
Et je ne ressors pas de chez moi avant d’avoir retrouvé figure humaine !

mercredi, janvier 17, 2007

Calimero


Je suis malade ; j’ai une bronchite, nez bouché, quintes de toux et yeux de cocker qui vont avec.

Je travaille trop et je n’ai pas eu le temps de faire les soldes depuis qu’elles ont commencé (mercredi dernier).

Conséquence de la fièvre et du manque de temps : je ne suis pas allée à la salle de gym depuis dix jours ; je sens déjà ma cellulite prendre ses aises !

Je n’ai pas pris de vacances depuis près de six mois.

J’ai tenté un ‘balayage californien’ chez le coiffeur, je suis devenue blondasse, c’est une horreur ; et en plus ça m’a coûté plus de 100 euros.

Et pour couronner le tout, je n’arrive pas à me lancer dans mon projet d’écriture qui-me-tient-tant-à-cœur-depuis-si-longtemps !


Bououououh……. Je retourne sous ma couette !!!!

jeudi, janvier 11, 2007

La valeur n’attend point le nombre des années


« C’est pourtant simple à comprendre. Ce qui ne va pas, c’est que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. ‘La vie a un sens que les grandes personnes détiennent’ est le mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire. Quand, à l’âge adulte, on comprend que c’est faux, il est trop tard. Le mystère reste intact mais toute l’énergie disponible a depuis longtemps été gaspillée en activités stupides. Il ne reste plus qu’à s’anesthésier comme on peut en tentant de se masquer le fait qu’on ne trouve aucun sens à sa vie et on trompe ses propres enfants pour tenter de mieux se convaincre soi-même. »

Cette considération pleine de sagesse est tirée du livre L’Elégance du Hérisson, de Muriel Barbery.
La narratrice est une jeune fille de douze ans, qui a décidé de se suicider à treize et qui, entre temps, écrit ses ‘pensées profondes’ dans son journal.

Pour ma part, le sempiternel ‘tu comprendras quand tu seras plus grande’ m’a toujours scandalisée. Mais comme j’étais encore petite, je ne pouvais affirmer que j’avais toutes les cartes en main pour juger.
A présent, on va admettre que je suis ‘grande’, et… cette phrase me déplaît toujours autant !
Ce n’est pas l’âge qui fait la sagesse, mais l’état d’esprit, l’introspection, l’ouverture sur les autres ! En résumé, l’intelligence humaine !

Et vous, qu’en pensez-vous, chers amis blogueurs ?

Sur ce, je m’éclipse pour quelques jours. Retour mardi !

lundi, janvier 08, 2007

L’horrible auréole

On m’a dit que les déodorants anti-transpirants étaient mauvais pour la santé parce qu’ils empêchaient le processus naturel de régulation de la température corporelle.

D’accord, ai-je pensé, je vais passer aux déodorants classiques.
Cela tombe bien, j’en ai offert un à Clément dans un coffret de parfum, et il ne l’utilise pas – impossible de lui faire lâcher son sempiternel Axe, anti-transpirant, justement.

L’utilisation du déo-spray est agréable, fraîche, et la brume ne laisse pas de trace sur mon col roulé bordeaux que j’arbore fièrement ce matin.
Sauf qu’actuellement, le mercure flirte avec les 14 degrés l’après-midi, et le bureau est bien chauffé, et je me sens transpirer dans mon col roulé.
Etrange sensation, inconnue depuis longtemps –sauf à la salle de gym-, de la transpiration qui humidifie le dessous des bras. Comme j’utilise des anti-transpirants depuis des années, je ne me soucie pas outre-mesure. Je me sens protégée, comme dirait la publicité.

C’est lorsque je vois mes collègues fixer mes aisselles que je me demande ce qui les intéresse tant.
Un petit détour aux toilettes, et le miroir m’explique tout : deux disgracieuses auréoles rouge foncé tâchent mon sous-pull à ces endroits stratégiques !!
La honte, moi qui suis toujours tirée à quatre épingles…

Je vais donc rendre son déodorant à Clément, et si vous avez sous la main des études prouvant l’innocuité des anti-transpirants, je suis preneuse !
Merci d’avance !

vendredi, janvier 05, 2007

La quête du cordonnier en banlieue

Ces dernières semaines, je suis beaucoup restée chez Clément. On ne peut encore parler d’emménagement car il n’y a pour l’instant rien d’officiel, mais disons que son appartement a un gros avantage : il est à un emplacement stratégique.
En banlieue (ce n’est pas cela qui est stratégique).
A quinze minutes à pieds de mon bureau.

Or, quel Parisien ne rêve pas de pouvoir se rendre au bureau à pieds ?
Et… quel Parisien rêve de vivre en banlieue ?
Les réponses à ces deux questions sont ‘aucun’ et ‘tous’, pas forcément dans le bon ordre…

Eh oui, Clément habite en ‘proche banlieue’.
Pour nos amis Canadiens, quoi qu’on en croie, Paris est une toute petite ville – à peine deux millions d’habitants. C’est sa banlieue –huit millions- qui est étendue.
La proche banlieue pourrait être considérée comme le centre par des visiteurs venant de mégalopoles : par exemple, à Londres, elle se trouverait en zone deux du métro. Mais un Parisien qui se respecte (moi !) aura toujours du mal à franchir la barrière psychologique et physique du boulevard Périphérique. Voilà, c’est dit.

Chez Clément, à force de marcher, je me suis donc trouvée avec des chaussures aux talons abîmés.
J’ai commencé par aller chez un cordonnier à côté de mon bureau, conseillé par une collègue. Le petit homme dans sa guitoune a clouté mes talons, les rendant encore plus glissants qu’avant. Très utile.
Je suis retournée le voir, et tout ce qu’il a trouvé à faire, c’est enfoncer le clou avec un marteau ; je l’ai vu s’acharner sur mes Sergio Rossi, tétanisée. Chez moi, le soulier est sacré !
En reprenant mes esprits, je lui ai arraché mes chaussures des mains et ai exigé un remboursement. Mais ne rêvons pas, la France n’est pas les USA, et le client n’est pas roi.
J’ai quitté la boutique en fulminant, mes chaussures meurtries sous le bras.

En rentrant chez Clément, j’ai cherché sur internet d’autres cordonniers dans la ville de banlieue où se trouve mon bureau.
Le lendemain midi, j’ai essayé la première adresse. Dix petites minutes de marche le ventre vide, ça ouvre l’appétit pour la cantine ! Arrivée devant la devanture, le volet baissé m’a barré la route et un écriteau m’a informée : ‘fermeture définitive pour cause de retraite.’
Bien. Chou blanc cette fois encore.

Hier soir, en quittant le travail, j’ai voulu essayer la seconde adresse, qui se trouve entre le bureau et l’appartement de Clément.
Je suis donc partie du bureau vers 19h10, en priant pour que le commerçant soit ouvert jusqu’à 19h30.
Evidemment, jamais deux sans trois, le cordonnier fermait à 19h…
Je suis arrivée chez Clément tellement en colère que j’ai dû utiliser les grands moyens pour déstresser : bain moussant et verre de vin rouge.

Et maintenant, en tant que Parisienne, j’ai une autre bonne raison pour ne pas comprendre la banlieue : comment peut-on travailler –avec les horaires que l’on sait-, et vivre en banlieue, où tout ferme à 19h ?
Les quartiers sont tristes, et on est obligé de faire toutes ses courses le samedi –avant 19h-, et en même temps que tout le monde !