mardi, février 27, 2007

Quand cela cessera-t-il?

J'avoue, je ne suis plus surprise par les annonces quotidiennes de la radio annonçant les attentats survenus en Irak.

Comme beaucoup, j'ai été révoltée quand les Etats-Unis ont décidé d'attaquer ce pays, et comme beaucoup, je me suis rendu compte que je ne pouvais y faire grand-chose.

Mais ce soir, en rentrant chez moi, j'écoutais ces fichues infos dans ma voiture, et la révolte est revenue.
18 enfants âgés de 10 à 15 ans tués aujourd'hui en Irak.
Ces enfants étaient en train de jouer au foot!
Sur un terrain vague transformé en terrain de foot.
Une voiture piégée les a visés.

lundi, février 26, 2007

Les nouvelles mesures de sécurité dans les aéroports

Connaissez-vous les nouvelles règles du voyage en avion ?

Vous n’avez pas le droit d’emporter de liquides avec vous dans des contenants de plus de 100mL. Par ailleurs, les contenants de moins de 100mL doivent tenir dans un petit sac congélation transparent :



100mL, c’est un tiers d’une canette de soda.
L’idée est d’éviter la confection de bombes à partir de différents liquides.
Les biberons pour bébé sont autorisés si vous les gouttez devant les employés de l’aéroport.

L’autre jour, j’avais oublié dans mon sac une petite bouteille d’eau, que le préposé aux rayons x a détectée dans sa machine. Il m’a demandé de la jeter devant lui, ou de la boire puis de la jeter.
J’ai entrepris d’avaler le demi-litre d’eau en un seul coup, montrant ainsi au douanier que ce n’était pas du mercure (ou que sais-je encore).
J’ai passé la barrière à deux mètres pour finir de boire avant d’embarquer, mais l’employé est venu m’y chercher par la peau du dos !
Eh oui, vous avez beau montrer que vous ingurgitez le liquide, il faut le boire avant la barrière !

En Grande Bretagne, pour passer la sécurité, il faut n’avoir qu’un seul sac ou valise.Dans l’escargot de la file d’attente, l’employé de la sécurité hurle à la cantonade d’enlever ses manteaux et vestes.
Ce que vous faites, tout en exécutant l’autre ordre de ranger votre sac à main dans votre valise ‘carry-on’, en avançant à deux à l’heure, et en vous déchaussant, bien sûr.
Arrivé devant les rayons x, votre valise dans une main, votre manteau dans l’autre, vos chaussures sous le bras et votre carte d’embarquement entre les dents, on vous demande de sortir votre ordinateur et le petit sac en plastique transparent pour qu’ils passent sans encombre dans la machine.

Attention l’équilibrisme !

Et le linge sale, on en fait quoi ?

samedi, février 24, 2007

Comment une expat' française se sent au Québec

Merci à Béo de m'avoir fait découvrir ce jeu des 5 questions, que j'ai soumis à une illustre expatriée à Québec... ma soeur!
Evidemment, cela n'engage que moi (qui publie) et elle (qui répond aux questions):)

5 choses que vous aimez dans votre nouveau pays.
la sécurité
le calme
le prix des logements
la taille des logements
le service

4 choses qui vous manquent de votre ancien pays
ma famille
mes amis
Paris!
ma vie sociale

3 choses qui vous énervent un peu (ou beaucoup) dans votre nouveau pays
le paysage un peu monotone des maisons qui ont toutes une architecture similaire
la longueur de l'hiver
une certaine peur de 'l'étranger'

2 choses qui vous surprennent (ou qui vous ont surpris jadis) dans votre
nouveau pays

la quantité de neige
le fait de pouvoir se faire virer en quelques minutes sans préavis

1 chose dans votre nouveau pays qui vous manquerait terriblement s’il vous arrivait de repartir
la sécurité

jeudi, février 22, 2007

Vous en reprendrez bien un peu ?

J’ai déjà volé sur Ukraine International Airlines.
C’était il y a quelques années, j’étais jeune et sans peur, et je venais de passer deux jours à Odessa, pour mon travail.



Odessa, son escalier Potemkine, son joli mois de juillet, ses marins grecs amarrés pour une perm’, et son aérodrome où Air France n’atterrit pas (encore).
Le voyage s’était bien passé, et je n’en garde pas de souvenir ému.

Cette semaine m’a donné l’occasion de revivre cette expérience, de Paris à Kiev – les horaires des vols AF ne me convenant pas. Mais comme il s’agissait de vols en code share, je gagnais quand même des miles sur ma carte AF – eh oui, pour nous payer avec Clément le voyage en Californie de cet été, il en faut des miles accumulés !

Je me rends donc guillerette à Roissy, me demandant de quelle compagnie aérienne l’avion proviendra cette fois-ci : en effet, la dernière fois, il s’agissait d’un ancien appareil Alitalia, dont le logo était resté sur les boucles des ceintures de sécurité.
Aujourd’hui, en montant à bord, rien ne semble distinguer ce boeing d’un autre. Les protège-appui-têtes sont gris et jaunes, les couleurs de la compagnie, et les ceintures ne sont pas logotées. RAS, donc.

Le décollage se passe bien, malgré le bruit d’enfer qui vient des ailes, mais qui laisse les hôtesses de marbre. Toujours RAS.

C’est lorsque je me lève pour aller aux toilettes que je me rends compte que tout y est écrit en… portugais. C’est donc cela ; un ancien appareil de la TAP. Compagnie aérienne reconnue, s’il en est !



Le vol se passe bien, le plateau-repas, à défaut de nourriture céleste, nous propose (ci-dessus) de ‘découvrir l’Ukraine’, et l’atterrissage, toujours dans un bruit d’enfer, n’arrache pas un poil de sourcil au steward, charmant au demeurant.

Finalement, je pourrais peut-être redevenir jeune et sans peur ?

mardi, février 20, 2007

You can’t love anything more than something you miss.



Extremely loud and Incredibly close, Jonathan Safran Foer

C’est la constatation que fait Oskar, 9 ans, le narrateur du livre, qui a perdu son père le 11 septembre 2001.



Jonathan Safran Foer forme avec Nicole Krauss (auteur de The History of Love) le ‘nouveau couple d’écrivains new-yorkais qui réussissent’, comme Siri Husvedt et Paul Auster avant eux.

Ils affectionnent les histoires à tiroirs sur plusieurs générations, dont celle des grands-parents a immigré aux Etats-Unis dans les années 30-40.

J’ai d’abord lu The History of Love, que j’ai beaucoup aimé, puis Extremely loud.J’ai eu l’impression dérangeante en lisant le second livre de relire le premier : même style, mêmes récits entrecoupés, même trame (un narrateur enfant rencontre un homme de 80 ans et cela change sa vie…).
J’ai eu l’impression d’avoir deux livres… pour le prix de deux.



J’ai imaginé ces deux écrivains qui se ressemblent – même âge, même ‘background’ familial (celui décrit dans leurs livres) -, écrivant en même temps dans leur brownstone de Brooklyn, acheté grâce aux royalties de leur premier livre : comment ne pourraient-ils pas s’influencer l’un l’autre ?

Après tout, ce ne serait pas la première fois que deux écrivains à succès forment un couple : Paul Auster et Siri Husvedt sont passés par là, mais aussi, avant eux, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir…
J’attends avec impatience leur troisième livre, qui me montrera, j’espère, que j’ai tort !

Mais pour l’instant, je suis perplexe et… allé, regardons les choses en face, envieuse de ce succès à 6 zéros dès le premier livre de ce jeune couple qui n’a pas 60 ans à eux deux…

lundi, février 19, 2007

La Chute

Ses jambes sont lourdes. La porte du métro s’ouvre. Un gouffre entre la rame et le quai. Quelques centimètres, mais il lui font peur. Quel pied avancer en premier ? Et si elle trébuchait dans la fente ?
Il faut se lancer, sinon le métro va sonner et repartir. Elle avance un pied hésitant, se cramponne à la porte ouverte, puis son pied touche lourdement le quai. Le deuxième, avec précaution, s’extrait de la rame. Elle peut lâcher la porte, elle est sur la terre ferme.

Les gens sur le quai se hâtent et la bousculent. Il faut les éviter, se frayer un chemin vers la sortie. Elle se fait toute petite, traverse le quai pour longer le mur, tente de ne pas être heurtée par les obstacles. Elle a oublié sa canne à la maison, et serre fort contre elle son sac à main, comme si lui pouvait la protéger de la chute.

Elle avance à petits pas vers les escaliers. Ses jambes n’obéissent plus comme avant, et ses pieds enflés la font souffrir dans ses chaussures. Courage, se dit-elle, dans cinq minutes elle sera chez elle.
Si Henri est d’accord, elle prendra le taxi, à partir de maintenant. L’idée que ce périple en métro est peut-être le dernier la réconforte.

Elle arrive devant l’escalier, attrape la rampe. Marche par marche, elle le gravit ; toujours le pied droit en premier, celui-là reste un peu plus vaillant que le pied gauche. Les gens pressés qui montent et qui descendent la frôlent, mais elle tient bon la rampe. Elle n’a pas l’idée de leur envier leurs jambes fringantes ; elle est concentrée sur sa difficile tâche.
Plus qu’une seule marche ; elle est presque arrivée. Restera juste la lourde porte en verre à pousser. Ces portes sont dangereuses : un coup de vent, et elles se retournent contre vous. Et du vent, il y en a beaucoup dans les bouches de métro.

Un jeune homme passe devant elle et pousse la porte. Formidable, se dit-elle : il va lui tenir la porte et elle n’aura pas à la pousser de toutes ses forces pour pouvoir sortir.
Mais le jeune homme passe son chemin. Il lâche la porte derrière lui. Elle avance les mains par réflexe, pour retenir la porte qui va se jeter sur elle. Mais son sac la gêne. Et la porte est trop lourde.
Le poids de la porte et la force du vent l’atteignent en pleine poitrine. Elle perd l’équilibre. Derrière, l’escalier.

La chute la précipite. Personne derrière elle pour la retenir de tomber. Son petit corps engourdi dévale les escaliers, puis quelqu’un appelle les pompiers.

Par miracle, elle ne s’est rien cassé. Juste quelques bleus sur son corps endolori.
Une âme charitable lui a gardé son sac pendant qu’elle avait perdu connaissance.
Mais il faut imaginer la frayeur pendant la chute, et le malaise pour quelqu’un de si discret d’être l’objet de toutes les curiosités, là, sur le brancard des pompiers.

vendredi, février 16, 2007

Superprofits

Total : 12,6 milliards d’euros de bénéfice net en 2006.
BNP Paribas : 7,3 milliards.
Société Générale : 5,2 milliards.

Shocking ?
Contrairement aux pays anglo-saxons, la France garde une culture de la ‘saleté de l’argent’: l’argent est louche, le profit tabou. On ne dit pas combien on gagne, on n’achète pas de voiture chère, que l’on juge m’as-tu-vu.
En France, quelqu’un qui affiche sa réussite est forcément suspect.

Alors, hier matin sur RTL, le débat des ‘auditeurs ont la parole’ promettait d’être intéressant.
Il ne le fut pas dans le sens auquel on s’attendait.

Le premier intervenant était un entrepreneur, qui expliqua qu’il est normal pour ceux qui investissent et prennent des risques d’avoir un retour. Après tout, l’inverse est aussi vrai : les investisseurs perdent leur argent quand l’entreprise n’est pas rentable…
Les auditeurs suivants travaillaient pour des filiales des trois entreprises superprofitables, et semblaient satisfaits de ce gros quatorzième mois qu’est l’intéressement au bénéfice (car ils touchent déjà un treizième mois).

Mes compatriotes seraient-ils en train de virer leur cuti ?
Pour paraphraser Churchill, ont-ils accepté le fait que le capitalisme est le pire système économique à l’exception de tous les autres ?

Dans ce système, il semble que les salariés les moins bien lotis ne soient pas ceux des super-entreprises, dont les profits augmentent leurs revenus, fournissent des cantines haut-de-gamme ultra-subventionnées et ouvrent des crèches au pied des tours de la Défense.
Non, ceux qui souffrent sont les salariés dont les entreprises –trop petites- ne sont pas (encore) cotées, car ils ne bénéficient pas de toutes ces possibilités d’intéressement, participation, etc…

Conclusion : ce n’est pas trop de capitalisme que l’on a en France, mais pas assez.

Cela fait réfléchir.
Moi qui pensais que les Français avaient de l’actionnaire une image du gros-plein-de-soupe fumant son cigare, je ne sais plus que penser !

mercredi, février 14, 2007

Fifties?


Mon père m'a donné une plaque de verre qu'il a reçue d'une cousine née en 1902 (et décédée depuis).
La plaque était enveloppée dans un vieux papier journal, que j'allais m'empresser de jeter, et puis... Si c'est pas mignon, ces petites robes...

Alors, chers amis spécialistes de mode, années 50, avant ou après?

vendredi, février 09, 2007

Les bobos détrônés par les bio-bos !

Je vous parlais récemment de cette partie de la population parisienne qu’on appelle les bobos. Eh bien, ces derniers sont en passe d’être suppléés par leur nouvelle génération, les bio-bos !
Ou plutôt, loin de devenir has been, les bobos, toujours à la pointe de la mode, sont en train de se transformer en bobos-mangeant-bio.

Les bio-bos achètent donc leurs légumes au marché bio, roulent dans des voitures hybrides, et portent des T-shirts fabriqués à partir de coton équitable.
Et les femmes bio-bos allaitent, bien sûr : comme le dit Elle cette semaine : « désormais, ce sont les biberonneuses qu’on regarde d’un sale œil dans le bus. (…) Les antibiotiques, comme les vaccins, ont mauvaise presse. (…) [Certains parents] sont repassés aux couches non jetables. Oui, comme celles d’avant-guerre qu’on gratte et qu’on fait bouillir. »

Conscience écolo oblige, je me pose moi-même la question de la biodégradabilité des milliers de couches qu’un enfant use - et ce, n’en déplaise à mes parents, même si je n’ai pas d’enfant en prévision pour l’instant.

Mais on est en droit de se demander : jusqu’où cela ira-t-il ?
A quand la dictature du ‘juste retour aux sources / c’était mieux au XIXème siècle / et vive la femme au foyer’ ?

jeudi, février 08, 2007

Le string jetable

Qui a déjà eu la chance d’enfiler un seyant petit string jetable, en vue d’un massage ?

L’objectif –le massage- est agréable ; le petit string qui va avec, c’est une autre histoire.

Vos meilleures copines vous ont offert un bon-cadeau pour votre anniversaire, et vous avez hâte de tenter l’expérience !
Ignorante des us et coutumes de ce nouveau Spa parisien, vous avez gardé votre maillot de bain sous le moelleux peignoir que l’on vous a prêté ; vous êtes assez intuitive pour savoir que vous devrez tomber l'uniforme blanc, et il n’est pas question de se retrouver nue devant la praticienne !

Cette dernière, qui est venue vous chercher au vestiaire, vous conduit à la salle des opérations et « vous laisse vous installer ». Y’a qu’à enlever le peignoir, pensez-vous !
Dans la pénombre, vous essayez de voir les objets qui vous entourent ; vos yeux se font à l’obscurité, et vous distinguez sur la table de massage un petit paquet blanc dans un plastique. Vous regardez la chose, incrédule.
C’est à ce moment que la praticienne entre, fermant doucement la porte derrière elle.

« Vous n’avez pas mis votre string jetable ? », vous demande-t-elle.
Eh oui, la petite boule, là, que vous scrutez depuis deux minutes et qu’elle vous tend, c’est deux morceaux de tissus blanc reliés l’un à l’autre par du fil dentaire vert.
« Il faut que vous le mettiez, car l’huile de massage tâche le maillot de bain. »
Vous qui, avec votre maillot de bain, vous croyiez plus maligne que tout le monde, êtes dans l’obligation d’ôter pudiquement ce qui vous reste de tissu sur le corps, et d'enfiler le petit string.
La praticienne détourne gentiment les yeux, faisant mine de nettoyer sa bouteille d'huile.

Le petit string n'est pas si petit: il vous remonte jusqu’à la taille. Eh oui, il doit aller à tout le monde, vous précise la praticienne.
Toute le monde, comprendre, également aux hommes : vous arborez une charmante poche assez volumineuse sur le bas-ventre.
Et pour prouver que vous ne perdez pas votre sens de l’humour, vous vous dites : ‘celui qui a inventé cet affreux cache-sexe avait sans doute un petit complexe à cet endroit-là!’

Vous avancez à petits pas vers la table de massage, mettez le visage dans la serviette, et oubliez tout.

mercredi, février 07, 2007

Vive la mondialisation!

Clément et moi venons de passer quelques jours à l'air vivifiant de Bretagne.




Perdus dans le parc régional de la Brière, nous avons branché le GPS, lequel nous a retrouvés en quinze secondes et sortis aussi sec de la forêt.

Nous voici donc à Assérac, charmante bourgade de Loire-Atlantique, la voix de Monsieur GPS dans une oreille, et celle du dernier CD de Robie Williams dans l'autre.

Que demander de plus pour se sentir davantage 'citoyen du monde'?

mardi, février 06, 2007

Rencontre avec le passé (2/2)

Ahmed me tend une bouée de secours et change de sujet : « Nous ne parlons que de moi ! Ce n’est plus intéressant ! Veux-tu savoir comment va Hassan ? »
Comment va Hassan… Un fantôme (enfin) bien rangé dans une case de ma mémoire.
Quel besoin d’aller chercher dans les archives ?
Je sais que j’ai quitté Hassan pour de bonnes raisons, je sais par sa sœur que depuis dix ans il s’est mis à boire et à fumer… Je ne sais pas si je veux en savoir davantage. Mais la curiosité l’emporte, évidemment.

Alors, Ahmed poursuit : « Il va bien ; il est rentré au Maroc l’année dernière. Je me souviens de vous deux, à Chabolovka, vous sembliez tellement faits l’un pour l’autre… Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé entre vous, pourquoi vous avez rompu… »

Cher Ahmed, toi aussi, tu demeures curieux, même dix ans plus tard !
Vais-je aller dans cette direction avec toi ? Je crois que j’y suis déjà embarquée… Alors, assumons jusqu’au bout. D’ailleurs, Ahmed n’a jamais entendu ma version des faits, et je suis certaine qu’il est à mille lieues de l’imaginer…

Alors, je raconte par le menu la jalousie maladive d’Hassan ; les crises, les hurlements.
Ahmed a une excellente mémoire, il cite des moments précis, tente de réfuter mes arguments ; il défend son copain jusqu’au bout, et je ne me laisse pas faire. Je démonte un à un ces arguments, et les certitudes d’Ahmed vacillent.
Pour la première fois de ma vie, j’en parle avec le souci de la vérité, mais sans aucune passion. Je pourrais changer de sujet, cela n’aurait pas d’importance.
Je suis bien dans mes baskets.
J’en ai assez bavé par le passé pour bien mériter cela.

Ahmed aussi prend du plaisir à nos joutes verbales. C’est à celui qui aura le plus souvent raison.
Quelle merveilleuse façon de revisiter le passé.
Un passé vidé de ses souffrances mais pas totalement de ses sentiments.

Soudain, je nous observe : nous sommes là comme deux vieux, regardant dans le rétroviseur une vie pleine d’action et qui s’est achevée.
Mais non, nous avons encore tant de choses à vivre ! En voilà, une chance !
Ahmed me répond : « De quoi d’autre veux-tu que l’on parle ? C’est le passé que nous avons en commun, pas le présent… » Quelle triste sagesse dans cette phrase.
Enfin, triste, je ne sais : chacun a de son côté une vie présente bien remplie et –apparemment- heureuse. Alors, pourquoi s’apitoyer ?

Je laisse donc Ahmed me montrer sur son appareil photo les dernières photos qu’il a prises d’Hassan. D’ailleurs, Hassan est-il toujours aussi beau que dans mon imagination ?

Oh oui ! Son expression s’est endurcie, il semble avoir pris un soupçon de bedaine (« c’est la bière », dénonce gentiment Ahmed), mais c’est bien lui, avec ses traits fins et ses yeux noirs. Je regarde attentivement dans le petit écran, je zoome au maximum.

Ahmed me propose de me photographier à mon tour et de montrer les photos à Hassan. Pourquoi refuser à Hassan ce plaisir de replonger dans le passé, qu’Ahmed me permet de connaître ?
Je pose, les gens dans le café se demandent qui est cette bêcheuse qui dit à son ami « tu peux me prendre de pied aussi, si tu veux », mais je m’en moque. Ahmed enregistre un petit message de 13 secondes, et quand c’est dans la boîte, je lui dis : « J’aimerais bien être une toute petite souris à côté de vous pour voir la réaction d’Hassan quand tu lui montreras ce film ! »

Cinq minutes plus tard, sur le quai du métro qui séparera à nouveau nos vies dans quelques stations, une petite chose bouge dans un coin : une souris grise, toute petite, toute mignonne. Personne ne la remarque, sauf nous. Je la pointe du doigt à Ahmed ; il sourit : « en voilà, un message limpide ! »

samedi, février 03, 2007

Rencontre avec le passé (1/2)

Dix ans que nous ne nous étions pas vus. 18 ans, 28 ans.
Moscou, Paris.

Suis-je la même ?
Physiquement, les rides ne sont pas encore vraiment là, et l’abandon de la teinture rouge pour les cheveux m’aide à me dire qu’au lieu de vieillir, je me suis ‘bonifiée’.
Mentalement, j’espère ne pas avoir trop changé ; mûrie, oui, mais pas pleine des certitudes finales de celle qui s’est fait son opinion après avoir questionné.
Car c’est cela le risque le plus cruel : l’esprit fermé de l’adulte après s’être ouvert à l’adolescence.

J’ai rendez-vous avec Ahmed devant l’opéra.
Les gens vont et viennent, se rencontrent et repartent ensemble. Je les scrute, à la recherche d’une image du passé ; ils me remarquent, je détourne les yeux.
Ahmed, colocataire d’Hassan l’année de mon hiver à Moscou ; Hassan, mon premier amour.

Vais-je le reconnaître ? Aurons-nous des choses à nous dire ?
Soudain, je le vois, qui traverse la rue, les mains dans les poches de son manteau noir. C’est le même Ahmed. Un peu enrobé par ces dix ans, certes, mais lui, sans aucun doute.
Quel soulagement. Il me voit, me reconnaît.
Quelle joie, cette capsule à deux places qui remonte dans le temps, devant cette carte postale sans âge.




Nous nous embrassons.
Que fais-tu à Paris, tu n’as pas changé, quoi de neuf depuis dix ans ?

Nous nous attablons dans la vitrine d’un bistro.
Ahmed termine ses études de dermatologie à Paris, avant de rentrer au Maroc. Là-bas, il devra encore faire un an de stage afin d’obtenir une équivalence qui l’autorisera à exercer.
Je m’étonne : un diplôme français n’est-il pas valable au Maroc ?
Non, de la même façon qu’un diplôme marocain n’est pas valable en France.
J’ai un honteux mouvement de l’esprit, que je réprime suffisamment vite pour ne pas l’exprimer, mais pas assez pour ne pas l’avoir : la deuxième proposition sonne compréhensible, mais pas forcément la première.
J’ai honte, je suis devenue un de ces millions d’occidentaux bourrés de préjugés.

Moi qui ai passé ma vie à lutter contre ces vérités toutes faites au sujet des pays de l’est (ma zone de prédilection, comme vous le savez) :
« La Russie est extrêmement dangereuse » : je ne me suis jamais fait agresser à Moscou (touchons du bois).
« Quelle idée d’accepter dans l’Union Européenne des pays aussi sinistrés que ceux d’Europe centrale » : aujourd’hui, les deux pays de l’UE avec la plus forte croissance sont, après l’Irlande… l’Estonie et la Slovénie.

Mais là… Que dire… Jamais une telle pensée ne me serait venue à l’esprit il y a dix ans, quand nous refaisions le monde avec Ahmed et Hassan, dans leur chambre du foyer pour étrangers de la rue Chabolovka…

Devient-on con quand on vieillit ?

jeudi, février 01, 2007

Vous faire découvrir

Puisque nous sommes les personnalités de l'année, puisque nous communiquons grâce au Net, j'ai envie de vous faire découvrir, toujours grâce au Net, une musique que j'aime beaucoup.




C'est un groupe ukrainien - je vous vois d'ici, penser au folklore à fleurs -, mais non, pensez à de la pop-rock, avec une dose d'exotisme; pensez aux ballades des groupes de hard rock soft des années 80, et vous trouverez ceci:

Ne Pitaï

(cela signifie 'n'essaye pas', en ukrainien).

C'est beau, non?

Le groupe s'appelle Okean Elzi...

Questions de bienséance ?

Excusez d’avance mon prosaïsme… Une fois n’est pas coutume !

Un soir de semaine, à la salle de gym.

Mon vélo fétiche, mon anti-stress, ma bouée de secours, mon défouloir.
Je pédale, je pédale. Je souffre, je transpire, mais pas d’inquiétude, j’ai mis du déodorant.
Ce n’est pas le cas de mon voisin de droite.
Pardonnez l’expression, mais il sue par tous les pores de sa peau poilue. Je penche la tête à gauche, j’inspire et expire dans mon épaule, je prie pour que l’homme ne bouge pas trop et ne déplace pas ses molécules odorantes.

A ma gauche, un autre cycliste duquel, dieu merci, n’émane rien d’autre que ses grimaces d’effort.
Et puis… Et puis… Le cycliste se lève de son vélo, et une très distincte odeur s’élève de la selle qu’il quitte. Allé hop, je m’en vais, se dit-il, ni vu ni connu. Tu parles ! Nul besoin de vous faire un dessin, n’est-ce-pas.

Asphyxie, à droite et à gauche ! Peut-on pédaler sans respirer ?

Depuis quand est-ce ainsi approprié de se soulager ainsi en public ???
Un peu de bienséance, Messieurs, par pitié ! Même à la salle de gym !