La chaleur monte à la tête des Parisiens comme le mercure dans le thermomètre. Je suis allée cet après-midi profiter de la climatisation d’une salle de ciné sur les Champs Elysées. Croyez-moi, je n’avais aucune velléité belliqueuse, juste envie de me rafraîchir.
Je m’assois donc tranquillement dans un fauteuil, heureuse que la température ne dépasse pas les 20 degrés (j’ai même prévu la petite laine à cet effet), et attends que mon amie revienne des toilettes. Les bandes annonces n’ont pas encore commencé, et la salle est éclairée.
Mon amie a posé son sac à ma gauche, et a laissé un siège vide entre elle et son voisin de gauche. A ma droite, trois places sont encore inoccupées.
Une voix peu aimable de femme me sort de ma torpeur et exige d’un ton sans appel : « mademoiselle, veuillez vous décaler d’un siège sur votre gauche, nous avons besoin de la place. »
Je tourne lentement la tête vers la voix, une femme d’un certain âge se tient devant mon rang ; je regarde les places vides à côté de moi, et réponds :
« - Vous êtes combien, Madame ?
- Nous sommes trois », dit-elle sur le même ton. Je baisse à nouveau les yeux sur les trois fauteuils, puis la regarde dans les yeux, sans rien dire : il y a trois places libres, je n’ai donc pas à bouger. « Mais décalez-vous, enfin, mademoiselle !
- Pour quoi faire ? Vous avez trois sièges !
- Et nos sacs à main, alors, qu’allons-nous en faire ? Et puis, il faut de la place pour respirer ! Levez-vous, voyons ! » rétorque-t-elle en haussant le ton. Les gens assis derrière nous, curieux de la scène, commencent à écouter. Vais-je céder ?
- « Vous voyez bien que si je me décale à gauche, c’est mon amie et moi qui n’aurons plus de place pour mettre nos affaires ! »
Cette analyse logique n’a pas l’air d’émouvoir mon interlocutrice. Je cherche des yeux mon amie pour qu’elle me soutienne, mais elle est encore dans ces foutues toilettes. Je me sens faiblir. Les gens derrière moi me regardent pour savoir ce que je vais faire. La femme vindicative me regarde sévèrement. Ma tête s’embrouille : trop de pression !
Alors, l’impensable se produit : comme un automate, je me lève lamentablement pour me décaler. J’ai l’impression que la femme (ou la chaleur ?) m’a brûlé les neurones : jamais en temps normal je n’accepterais une telle défaite ! A présent, c’est cette femme qui a de la place pour prendre ses aises, et mon amie qui va être collée à son voisin de gauche…
Quand mon amie revient et voit le changement de places, elle me gronde presque :
« Pourquoi as-tu bougé ? Nous étions bien placées!
- Je sais, mais c’est la vieille qui a voulu que je me décale », dis-je en parlant bien fort pour que la femme m’entende. Piètre et tardive vengeance…
Morale de l’histoire : les Parisiens sont encore plus surchauffés quand le thermomètre dépasse les 30 degrés. Alors, en visite à Paris en plein été, soyez bien élevés, mais ne vous faites pas marcher sur les pieds, parce que ces petites histoires auront toujours un goût un peu amer quand vous y repenserez…
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1 commentaire:
Il faut venir passer l'été dans le sud, on y est habitués à la châleur donc largement moins stressés !
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