dimanche, juillet 23, 2006

Une expérience parisienne… dans la chaleur de l’été

La chaleur monte à la tête des Parisiens comme le mercure dans le thermomètre. Je suis allée cet après-midi profiter de la climatisation d’une salle de ciné sur les Champs Elysées. Croyez-moi, je n’avais aucune velléité belliqueuse, juste envie de me rafraîchir.

Je m’assois donc tranquillement dans un fauteuil, heureuse que la température ne dépasse pas les 20 degrés (j’ai même prévu la petite laine à cet effet), et attends que mon amie revienne des toilettes. Les bandes annonces n’ont pas encore commencé, et la salle est éclairée.
Mon amie a posé son sac à ma gauche, et a laissé un siège vide entre elle et son voisin de gauche. A ma droite, trois places sont encore inoccupées.
Une voix peu aimable de femme me sort de ma torpeur et exige d’un ton sans appel : « mademoiselle, veuillez vous décaler d’un siège sur votre gauche, nous avons besoin de la place. »
Je tourne lentement la tête vers la voix, une femme d’un certain âge se tient devant mon rang ; je regarde les places vides à côté de moi, et réponds :
« - Vous êtes combien, Madame ?
- Nous sommes trois », dit-elle sur le même ton. Je baisse à nouveau les yeux sur les trois fauteuils, puis la regarde dans les yeux, sans rien dire : il y a trois places libres, je n’ai donc pas à bouger. « Mais décalez-vous, enfin, mademoiselle !
- Pour quoi faire ? Vous avez trois sièges !
- Et nos sacs à main, alors, qu’allons-nous en faire ? Et puis, il faut de la place pour respirer ! Levez-vous, voyons ! » rétorque-t-elle en haussant le ton. Les gens assis derrière nous, curieux de la scène, commencent à écouter. Vais-je céder ?
- « Vous voyez bien que si je me décale à gauche, c’est mon amie et moi qui n’aurons plus de place pour mettre nos affaires ! »
Cette analyse logique n’a pas l’air d’émouvoir mon interlocutrice. Je cherche des yeux mon amie pour qu’elle me soutienne, mais elle est encore dans ces foutues toilettes. Je me sens faiblir. Les gens derrière moi me regardent pour savoir ce que je vais faire. La femme vindicative me regarde sévèrement. Ma tête s’embrouille : trop de pression !
Alors, l’impensable se produit : comme un automate, je me lève lamentablement pour me décaler. J’ai l’impression que la femme (ou la chaleur ?) m’a brûlé les neurones : jamais en temps normal je n’accepterais une telle défaite ! A présent, c’est cette femme qui a de la place pour prendre ses aises, et mon amie qui va être collée à son voisin de gauche…

Quand mon amie revient et voit le changement de places, elle me gronde presque :
« Pourquoi as-tu bougé ? Nous étions bien placées!
- Je sais, mais c’est la vieille qui a voulu que je me décale », dis-je en parlant bien fort pour que la femme m’entende. Piètre et tardive vengeance…
Morale de l’histoire : les Parisiens sont encore plus surchauffés quand le thermomètre dépasse les 30 degrés. Alors, en visite à Paris en plein été, soyez bien élevés, mais ne vous faites pas marcher sur les pieds, parce que ces petites histoires auront toujours un goût un peu amer quand vous y repenserez…

samedi, juillet 22, 2006

'Lebanese connection'

Lorsque j’étais étudiante en école de commerce, chaque promo comptait une dizaine de Libanais. J’adorais être avec eux parce qu’ils ne snobaient jamais les soirées du BDE, et parce qu’ils s’entraidaient toujours pour réviser les exams. Ils s’appelaient entre eux affectueusement la ‘lebanese connection’.

J’étais particulièrement amie avec l’un d’eux, R., et je le suis toujours, d’ailleurs. Bien sûr, au fil des années, on se perd un peu de vue, mais on garde l’affection et les bons souvenirs.
Aujourd’hui, R., un jeune homme à la réussite professionnelle fulgurante, qui partage son temps entre Paris et New York, est coincé à Beyrouth. Il était rentré au Liban pour les vacances et rendre visite à sa famille. Il n’a pas pu repartir ; et d’ailleurs s’il le pouvait, je ne suis pas sûre qu’il laisserait ses proches. Je lui ai envoyé un e-mail lundi et il m’a répondu : il est vivant, c’est le plus important, et il a accès à internet, c’est déjà ça.

Je me souviens des soirées passées dans la cuisine de son appartement, dans notre foyer universitaire, où il me racontait son enfance et son adolescence. Les alertes aériennes, tout le monde descend à la cave, les bombes qui explosent, l’école fermée. Et à la fin, il en avait tellement marre de descendre à la cave 10 fois par jour qu’il ne descendait plus. Une enfance volée.
R. me montrait les photos récentes de sa famille : elles étaient la personnification du Liban reconstruit, un bel appartement, des parents heureux, un grand frère diplômé d’une grande université, une sœur magnifique.
Aujourd’hui, retour à la case départ. R. revit comme dans un cauchemar toutes ces années dérobées. Il a du mal à croire que tous ces accords avec l’ONU, cessez-le-feu, élections et compagnie n’aient servi à rien. Et pourtant…

Ce n’est pas à moi de juger les tenants et les aboutissants de ce conflit. Tout ce que je peux faire, c’est penser à R., à sa famille, et à tous les autres Libanais avec qui j’ai fait la fête un jour.

Pourquoi je suis contente de déménager, finalement

Il y a quinze jours, j'ai posté ici un message faisant part de mon désarroi à l'idée de devoir quitter mon nid. Mais comme vous le savez, je n'ai pas le choix, et mon nouveau bail est signé pour le 1er août.
Alors, essayons de penser aux bonnes choses qui vont avec ce déménagement:

Raison 1: je vais enfin pouvoir m'acheter une table à manger (j'aurai la place dans mon somptueux deux-pièces). Quand mes amis viendront dîner à la maison, ils n'auront plus à se pencher sur leurs genoux pour manger leurs spaghetti bolognaise, au risque d'éclabousser leur jean/ma moquette d'une belle tâche tomate.

Raison 2: la moquette, justement. Fini, la moquette! Je suis une grande maintenant, je vais avoir du parquet! Quand je pense à tous ces millions d'affreux acariens qui ne pourront plus élire domicile dans mon sol, j'en frémis de plaisir!

Raison 3: le Shopi est plus près de mon nouveau chez-moi. Adieu, les lombagos en rapportant les six packs d'eau d'Evian!

Raison 3 bis: adieu les lombagos, grâce à mon nouveau mini-ascenseur intégré dans la cage d'escalier! A propos, on fait des prouesses, maintenant, en termes d'ascenseur: le mien tiendra 'une personne et demi', comprendre ce que l'on peut, et il est tout en glace transparente, pour éviter les crises de claustrophobie. Comme dans les vieux ascenseurs en fer forgé, on peut voir les gens monter et descendre les escaliers; tiens, ça me fait penser à une scène du film-culte Le Cerveau, où Belmondo regarde monter les jolies jambes d'une Italienne court-vêtue alors que lui descend par l'ascenseur.

Raison 4: je vais être obligée de faire un mega-tri dans mon placard, et admettons-le, ce n'est pas un luxe! Certes, il faudra faire des choix cornéliens: jeter ou pas la paire de chaussures de montagne utilisée une fois à Val d'Isère en 1995? Garder ou pas ma jupe longue en jean, en pensant que ça reviendra à la mode? Mais quel bonheur de sentir que l'on voyage léger!

dimanche, juillet 16, 2006

Paris, les immeubles haussmanniens

J'ai retrouvé en faisant du tri dans mon ordinateur cette photo prise l'hiver dernier.
Elle est un peu anachronique en ces temps de forte chaleur, mais je trouve qu'elle est tellement représentative d'une facette de Paris, que je la publie là, tout de suite.
Et si, avec son ciel gris et son arbre nu, elle peut vous apporter une petite sensation de froid, eh bien c'est encore mieux!

samedi, juillet 15, 2006

Conversation volée

Je patientais gentiment dans la salle d’attente de ma généraliste quand je surpris l’étrange conversation qui se tenait dans la pièce d’à côté : mon médecin partage son cabinet avec un pédicure dont le bureau n’est séparé de la salle d’attente que d’une mince porte en verre dépoli.

Entre les bruits de coupe-ongles, j’entends la patiente se plaindre d’être encore célibataire :
« - La finale de la Coupe du Monde, eh bien je l’ai regardée toute seule, devant ma télé, une pizza sur les genoux ! Vous ne pensez pas que le tableau serait plus beau s’il y avait un homme assis à côté de moi sur le canapé ?
- Ca c’est sûr…, répond le praticien affairé.
- Mais non, poursuit la jeune femme, je suis toujours toute seule ! Et en plus, je n’attire que les losers ! S’il y a un mec pauvre, moche et méchant dans une salle, aucun doute, il est pour moi ! Je suis un aimant à nuls ! Il doit y avoir quelque chose en moi qui cloche… Peut-être devrais-je faire une psychothérapie ? »

[Non, non, non, pensé-je en mon for intérieur, très mauvais ! Il ne faut jamais se dévaloriser devant les autres, m’a dit une fois ma tante. Et ô combien avait-elle raison… Pourquoi dire du mal de soi alors que les autres, faites-moi confiance, en disent déjà suffisamment ? Pourquoi en rajouter ?
Bref, la patiente, qui ne se démonte pas, continue : ]

« - Et vous aussi, vous êtes célibataire ?
- Oh, vous savez, moi, ça va ça vient… C’est comme la queue du chien ! »

La réponse qui tue…

C’est ici que ma docteure vient me chercher.
Je ne saurai jamais si ces deux-là sont sortis ensemble du cabinet, ou chacun de son côté.

mercredi, juillet 12, 2006

Petits conseils pour tous les non-Parisiens qui visitent Paris

Je vous le dis en toute subjectivité, Paris est la plus belle ville du monde. Imaginez-vous sur le Pont-Neuf, un matin d’hiver. Vous regardez la Seine, d’où s’estompe la brume. Les vieux immeubles qui bordent le quai rive gauche ne sont pas droits, et la lumière du soleil s’y reflète. Vous reculez légèrement sur la chaussée pour mieux voir. Cette vue vous coupe le souffle. Le froid vous saisit, vous ne pouvez plus bouger. Soudain, un véhicule sorti de nulle part vous klaxonne comme une malpropre et vous sort de votre torpeur. Le conducteur prend le soin de bien se faire comprendre, il baisse se fenêtre, vous traite de salope et passe son chemin sans éviter la flaque d’eau qui vous éclabousse. Bienvenue à Paris ! Comme disent les Anglais au sujet de la France : Dieu a créé le plus beau pays du monde, la France, et pour se rattraper vis-à-vis des autres pays lésés, y a mis les Français. La blague vaut également pour la capitale…

Alors, pour vous aider à vous adapter, Blanche vous a concocté une liste de petits conseils.

Règle numéro un lorsque vous arrivez à Paris : adaptez-vous à la vitesse de marche des Parisiens. Les trottoirs n’en seront que plus confortables pour vous si on arrête de vous bousculer en vous disant d’aller plus vite. Les Parisiens sont par définition toujours pressés. Même quand ils ne le sont pas, ils ont tellement pris cette habitude de marcher vite qu’ils ne peuvent s’en défaire.
Vous comprenez, il faut toujours courir après quelque chose : le métro, le bus, le feu qui va repasser au rouge, la pointeuse au travail, la nounou qui menace de quitter le domicile en laissant les enfants sans surveillance…
La vie parisienne est faite de stress permanents. Il faut se donner des poussées d’adrénaline à chaque moment de la journée afin de tenir le rythme. C’est pourquoi il est difficile de décrocher pour le week-end lorsque l’on sait qu’il va falloir rebrancher la machine dès lundi matin. Ainsi, on marche aussi vite le week-end quand on fait le marché que pendant la semaine quand on se dépêche d’arriver au bureau.

Règle numéro deux : selon votre tempérament et votre humeur du moment, faites monter la mayonnaise, ou essayez de calmer le jeu. Mais en tout cas, assumez vos réactions. Face à une agression, votre réaction sera fonction de votre degré de stress déjà atteint.
Par exemple, si vous rentrez de vacances et qu’un bus, quittant l’arrêt que vous atteignez tout juste, refuse de se rouvrir, vous lâcherez l’affaire. Vous attendrez patiemment le suivant.
En revanche, si cela vous arrive alors que vous êtes déjà en retard à votre rendez-vous et que vous avez couru pour atteindre l’abribus, vous prendrez mal le dodelinement désapprobateur de la conductrice quand vous frapperez à la porte pour qu’elle l’ouvre.
J’ai eu l’honneur de subir ce refus il y a quelques jours, et j’en fulmine encore rien que d’y penser… Il faut dire que ce jour-là, les dieux étaient particulièrement mal lunés : je n’arrivais pas à joindre l’amie avec qui j’avais rendez-vous sans savoir où ; elle inaugurait son nouveau téléphone portable, dont elle n’entendait pas encore la sonnerie ; évidemment, la batterie de mon propre portable était à plat, et après trois appels infructueux, le téléphone refusa de fonctionner davantage.
Me voilà donc coincée place de la Concorde, sous la pluie (bien sûr), et sans moyen de joindre la personne que je dois voir. Pour couronner le tout, je viens de me faire donner une leçon par une conductrice de bus de mauvais poil. Quelle rage !

J’ai failli écrire à la Ratp pour me plaindre de cette incivilité (pur réflexe de Parisienne, j’avais noté la plaque d’immatriculation du bus). Et puis je me suis dit que la réponse, quelle qu’elle soit, ne changerait rien à l’affaire et qu’il fallait laisser tomber. Avec l’aide d’un petit jogging, justement (cf mon message précédent), le stress passerait comme un charme !
Dernier conseil, donc : investissez dans une paire de tennis de running, vous en aurez besoin pour passer vos nerfs !

Une prochaine fois, d’autres conseils précieux sur la survie dans notre belle capitale…

vendredi, juillet 07, 2006

Typologie des marques de fringues

Quand j’étais étudiante, une des mes plus grandes fiertés était que je m’habillais en piochant dans les armoires de mes parents, cousins, voire oncles éloignés.
Je me souviens avec tendresse de deux vêtements en particulier. Le premier était un pull en laine bleue lavande que mon père avait jeté car il était plein de trous, et que j’avais récupéré à la poubelle. Les trous étaient tellement énormes que ma mère avait refusé de les repriser, mais moi je trouvais qu’ils me donnaient un style un peu rebelle. Mes camarades de classe me faisaient des réflexions, et j’aimais affirmer ma singularité.
Mon deuxième vêtement fétiche était une sur-chemise marron qui avait appartenu à mon arrière grand-père. Eh oui, non seulement on confectionnait des vêtements de qualité à l’époque, mais en plus les hommes étaient de petite taille. C’est pourquoi cette sur-chemise m’allait comme un gant, avec mes 1 mètre 65. J’ai eu la chance de la trouver chez mes grands-parents pile au moment où c’était la mode, vers les années 1994-95. Sauf que ma sur-chemise à moi était introuvable dans les magasins, et que personne ne pouvait me copier !

Vous l’aurez compris, mon budget shopping dans les années 90 était volontairement très limité. Mais à la toute fin de la décennie, j’ai rencontré un jeune garçon avec qui j’ai viré ma cuti : ce jeune homme dont j’étais amourachée a décrété qu’il était temps que je me mette au goût du jour, et que les vêtements à la Cosette, ça allait bien cinq minutes.
Il n’a fait ni une, ni deux, et m’a emmenée au centre commercial le plus proche, Les Trois Fontaines (nous habitions à l’époque à Cergy-Pontoise). Cela a dû coïncider avec un moment de ma vie où j’avais envie de ranger la rebelle au placard, et qui sait, de devenir une femme… Bref, mon chéri m’a, avec mon plus grand consentement, relookée des pieds à la tête.
C’est là que j’ai commencé à devenir accro aux enseignes de vêtements pour femmes. Aux Trois Fontaines, j’ai appris par cœur les emplacements d’H&M (tout de suite à droite en entrant), de Mango et d’Etam (au rez-de-chaussée, au fond).
J’ai appris à y venir, non pas deux fois l’an quand j’avais besoin d’un vêtement de saison, mais régulièrement, à l’affût des nouveautés hebdomadaires. Et quand j’ai emménagé à Paris, je n’ai pas perdu ces nouvelles habitudes. Le H&M du passage du Havre est devenu mon repère du samedi. Puis, j’ai étendu mes goûts à Gap et Zara, et, quand j’ai eu un peu plus de sous, à Comptoir des Cotonniers et Tara Jarmon pour les plus grandes occasions.

J’ai découvert chaque marque avec délice, comme un enfant tout excité par son nouveau jouet. J’ai adoré l’achat sans mauvaise conscience chez H&M (merci les mini-prix !), l’impression d’être au top de la mode chez Zara, et la qualité signée US des coupes Gap. J’ai frissonné la première fois que je me suis offert un pantalon Comptoir des Cotonniers, et une jupe très habillée Tara Jarmon, achetée pour un mariage.
Peu à peu, je suis rentrée dans une période snobe, où je décrétais que je préférais m’acheter moins de fringues, mais de meilleure qualité. J’ai résisté pendant quelques mois à la tentation d’entrer chez H&M.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Eh bien, après sa période de snobitude, l’enfant excité est devenu perplexe. Quand je m’achetais un pantalon à plus de 70€, je m’offrais bonne conscience en me disant que la coupe et la qualité étaient bien meilleures.
A présent, depuis quelques saisons, je m’abstiens d’entrer dans les petites boutiques au parquet qui claque, parce que les prix ont beaucoup augmenté et la qualité a –semble-t-il- baissé (ou est-ce moi qui trouve une raison de refuser d’acheter plus cher ?).
Quant aux périodes de soldes, comme en ce moment, je ne sors pas de chez moi. Non merci à la cohue boulevard Haussmann le premier jour des soldes : je me suis fait avoir l’année dernière, pour rentrer bredouille, à part un ongle de pied cassé par une chaussure pas très fine au rayon maillots de bain… Non merci également aux 20% de rabais royalement accordés par les marques chères sur la quasi-totalité de la collection.
Alors, fatalement, mon âme de serial shoppeuse souffre : je suis en manque !! Que faire ?

C’est bien simple. Tout d’abord, retourner chez Zara et H&M : après tout, les deux tiers de ma garde-robe actuelle en sortent, et je n’ai pas à m’en plaindre ! Puis, faire un appel aux grands chefs du textile trop cher : s’il-vous-plaît messieurs, veillez un peu plus au porte-monnaie de vos clientes qui n’achèteront pas votre marque uniquement pour son nom mais parce qu’elles y trouvent un réel avantage produit !
Serai-je entendue, ou devrai-je attendre la deuxième démarque pour me ruer dans la boutique chic et acheter le petit pantalon repéré dans la vitrine ? En priant fort pour qu’il reste ma taille…

mardi, juillet 04, 2006

Mes amies font des bébés...

Une des mes amies a accouché la semaine dernière. C’était une césarienne programmée, un lundi matin à neuf heures. Je n’avais pas prévu d’appeler mon amie le jour même, ni d’aller la voir à la clinique : je me disais qu’elle serait trop fatiguée, et qu’elle aurait déjà du mal à faire bonne figure lors des visites des deux familles.

J’ai peut-être tort, mais j’ai cette idée que certains membres de la famille, que l’on voit rarement, s’inventent soudain plus proches qu’ils ne le sont, et se ruent à l’hôpital quand un enfant naît. Ils ont une envie irrésistible de voir le nouveau-né, et ne pensent pas toujours au bien-être de la Maman qui préfèrerait peut-être se reposer seule avec son bébé…
Je me mets donc à la place de la Maman (enfin, la place que j’imagine être celle de la Maman), et je me dis : elle est fatiguée, elle souffre, elle n’est pas au mieux de sa forme ni de son humeur. Elle préfèrerait qu’on la laisse en paix quelques jours. Je ne débarque donc pas dans sa chambre de façon intempestive. C’est un principe que je me suis établi, et je m’y tiens. Je n’y dérogerais que pour ma sœur. Mais ma sœur vit au Canada…

Pour en revenir à mon amie, que j’aime beaucoup et à qui j’ai bien pensé pendant l’opération, je ne l’ai donc appelée que jeudi, en prévision de sa fatigue bien compréhensible et de toutes les visites qu’elle a dû avoir. Elle a à peine eu le temps de me dire que « c’était la crise », et elle a raccroché.
Le lendemain matin, son mari m’a gentiment appelée pour me dire que tout allait bien, mais que toutes ces visites fatiguaient mon amie, qui avait ainsi décidé de les stopper net. Comme il disait, il a été chargé de « faire le cerbère. » Pas de problème, je comprends.

Je n’appelle pas mon amie de tout le week-end, et elle ne m’appelle pas non plus. Pas de nouvelles d’elle depuis huit jours. Et soudain, lundi matin, panique à bord.
Où est donc mon amie ? Où a-t-elle disparu ? Je ne suis pas un membre lointain de la famille, je suis une de ses amies les plus proches ! Pourquoi n’est-elle pas joignable ? Alors ça y est, elle est Maman, et je ne peux plus lui parler ? Et moi, aurai-je encore une vie quand j’aurai des enfants ?
L’angoisse. L’angoisse ultra-égoïste certes, mais l’angoisse quand même.
J'envoie un appel au secours à une amie commune, qui me répond aussitôt qu’elle aussi se demande comment notre amitié va évoluer, maintenant que notre amie est « passée de l’autre côté ».
Ouf, je me suis sentie un peu moins égoïste de savoir que je n’étais pas la seule en panique.

Finalement, mon amie m’a appelée hier midi. Honte à moi, je ne m’y attendais vraiment pas. Elle était rentrée chez elle la veille, son petit dormait et elle s’est dit qu’elle appellerait sa vieille copine… Sa voix était reposée, elle m’a dit la vérité sur la césarienne –aucune douleur, nickel-, sur la montée de lait –l’horreur, une douleur atroce qui l’a empêchée de dormir deux nuits de suite-, et j’ai retrouvé mon amie comme je la connais : franche et directe. Pas de langue de bois. C’est une des qualités que j’aime le plus chez elle.
La seule chose qui a changé, je dois bien l’avouer, c’est cette intonation de sa voix que je ne connaissais pas : cette façon de dire que « c’est génial ». Sa voix tranquille quand elle dit que son fils est de toute façon le plus beau.
Je me suis retrouvée bête d’avoir douté. J’ai eu un peu honte d’avoir envisagé qu’elle nous abandonnerait. Maintenant, je suis juste heureuse pour elle… et j’ai hâte d’aller la voir dimanche pour lui apporter tout le fromage au lait cru dont elle rêve depuis neuf mois !

dimanche, juillet 02, 2006

Expiration de mon bail : J-29…

Un nouveau chez-moi m’attend. J’ai signé les papiers, j’y ai droit. L’appartement me plaît, tout va bien.
Sauf que non, justement. Ce soir, je n’ai pas envie de bouger. Il a beau faire une chaleur torride dans mon studio sous les toits, c’est ici que je vis avec bonheur depuis huit ans. Et puis, d’ailleurs, la chaleur tombe en cette fin d’après-midi ; je vais pouvoir rouvrir les volets et profiter du soleil du soir. Dans une heure, il ne fera plus si chaud.
Pourquoi une telle angoisse ? Pas envie de tout ranger dans des cartons, ni de faire un grand ménage pour récupérer ma caution ? Ca, c’est sûr, mais pas seulement : pas envie de m’extraire de mon cocon.

J’ai déménagé dix fois avant de me poser ici : avec mes parents, puis le voyage en Russie avant de commencer mes études, puis quelques chambres d’étudiantes dans diverses banlieues. A chaque fois, je faisais et défaisais mes valises sans y penser, sans traumatisme apparent. Sauf que… je me demande aujourd’hui si chaque personne ne dispose pas dans sa vie d’un ‘crédit déménagement’ limité, au-delà duquel l’angoisse de bouger à nouveau lui fait péter les plombs. Serais-je toute proche de cette limite ?

Ici, j’ai pour la première fois construit moi-même, sur du long terme. J’ai choisi mes meubles Ikea, décidé de la couleur du rideau de douche, inventé ma vie de quartier. J’ai adoré mon rituel du dimanche, marché le matin, retour à la maison en passant par le kiosque à journaux pour le JDD et la boulangerie pour le pain et la boule au chocolat, bon déjeuner, puis sieste.
Ici, ce que j’aimais le plus, c’était passer devant les vitrines des agences immobilières qui bordent ma rue, et les snober ostensiblement. Les passants s’y arrêtaient, à l’affût d’une bonne affaire, ou simplement pour se dire « c’est devenu tellement cher !! J’ai bien fait d’acheter il y a dix ans ! » Mais moi, je n’avais pas besoin de connaître les opportunités, ni de savoir à quelle vitesse le marché grimpait, car j’étais dans ma bulle et je n’avais pas besoin d’en sortir.

Evidemment, mon studio n’était pas parfait en soi, mais il était parfait pour moi.

Enfin, tout ça, c’est fini. Bien sûr, je ne serai pas loin. Bien sûr, mon nouveau quartier sera aussi plein de charmes que je découvrirai. Bien sûr, au fil du temps je tisserai des liens avec les commerçants. Mais quelle angoisse…

samedi, juillet 01, 2006

A la recherche d’un appartement à louer…

Je serais bien restée dans mon petit chez-moi, mais mon propriétaire a décidé de vendre son bien et de me mettre à la rue… Tel un moineau mal réveillé et jeté un beau matin du haut de son nid, 5ème étage sans ascenseur, j’ai ouvert les yeux un jeudi matin et suis allée chercher le Particulier au kiosque de ma station de métro.
Et, comme je suis une fille moderne, je me suis aussi créé des alertes e-mail sur les sites Internet spécialisés. Critères : 2-pièces ; tous les arrondissements de Paris ; entre 700 et 1000€ par mois.
Je l’aimais bien, mon petit studio d’étudiante, payé à force de cours particuliers et de week-ends à vendre des parfums. Je n’ai pas bougé après la fin de mes études, car l’explosion immobilière commençait à passer par ma capitale préférée. Elle y est restée, d’ailleurs.
Si je fais le compte, cela fait huit ans que je monte avec plaisir (sauf le soir des courses) mes cinq étages qui mènent à mon ancienne chambre de bonne. J’ai encore l’impression de jouer un peu à la dînette, dans mon 25 mètres carrés mauve bonbon… Mais c’est assez, il faut tourner la page. Mon propriétaire me force à devenir adulte : je vais chercher un vrai 2-pièces, où mes amis n’auront pas à s’asseoir sur mon lit clic-clac quand ils viendront prendre un verre chez moi. Le marché parisien de la location va-t-il m’aider à tourner la page de mon ancienne vie ?

Tout d’abord, il me faut accepter d’intégrer la notion que je ne suis pas ‘cliente potentielle’, mais ‘candidate’. L’agence immobilière n’est pas une activité de service dont je suis cliente. Il va falloir apprendre à faire profil bas tout en préparant un dossier bien épais et en le tendant aux agents d’un air obséquieux. Je dois m’attendre à faire du charme, à simuler la connivence, et à laisser de gentils messages avec mon numéro de téléphone pour que l’on me rappelle.

Ensuite, je dois me familiariser avec le vocabulaire des agences immobilières, afin d’apprendre à décrypter les annonces : s’il est écrit « charmant », comprendre « petit ». Si l’annonce indique « calme », comprendre « fenêtre sur cour de trois mètres carrés ; claustrophobes s’abstenir ». Si l’annonce ne mentionne pas « ascenseur » ou « cave », cela signifie qu’il n’y en a pas, inutile de demander pour en avoir le cœur net. Enfin, on peut toujours demander, mais la réponse sera souvent : « Un ascenseur ? Pour quoi faire ? Vous êtes jeune, mademoiselle, vous n’aurez aucun mal à monter les étages à pieds ! Une cave ? Quel intérêt ? Savez-vous mademoiselle que la cave est l’antichambre de la poubelle ? Cela me semble bien inutile… »

Se méfier également de la mention « entièrement refait à neuf ». Dans 80% des cas, cela signifie « un coup de peinture blanche a été passé dans les ‘pièces de vie. » (c’est-à-dire salon et chambre). Cela ne concerne donc pas la tuyauterie défectueuse de la salle de bains, ni l’émail centenaire de l’évier de la cuisine. D’ailleurs, c’est bien connu, la salle de bains et la cuisine ne sont pas des « pièces de vie ».


Munie de ces filtres de lecture, je peux commencer ma recherche, et prendre mes premiers rendez-vous.
Cependant, la rencontre de l’agent immobilier ou du propriétaire me réserve encore des surprises : ma première visite est pour un 2-pièces détenu par une dame âgée, à qui je n’ai pas encore dit que j’étais intéressée, mais qui s’empresse de me prévenir : « au fait, mademoiselle, sachez que je n’accepte pas les couples non mariés, et si vous êtes mariée, il me faudra dans votre dossier une copie de votre contrat de mariage ». Et, comme pour se justifier de cette énormité, elle poursuit : « non, parce que vous comprenez, moi je me suis fait avoir une fois, alors maintenant je demande le maximum de garanties ! C’est comme ça ! ». Bien que célibataire de toute façon, je passe mon chemin. Qui sait ce que cette dame aurait pu me demander d’autre : extinction des feux à 22 heures ? Interdiction de cuire de l’oignon à cause de l’odeur ? (la dame habite l’appartement du dessous). Et puis, la moquette, âgée à vue de nez d’une dizaine d’années, est de couleur vert caca d’oie, et parsemée de tâches indélébiles et de trous de cigarettes. Pourtant, la propriétaire est toute fière du résultat de la machine à shampouiner… Elle trouve la moquette ‘presque impeccable’ et très seyante avec les murs jaunes repeints il y a cinq ans.

Pour ma seconde visite, j’ai rendez-vous au bas de l’immeuble avec un agent immobilier. Il me reconnaît dès que je m’approche (le flair ?), et nous entrons dans l’immeuble : l’homme marche très vite, j’ai du mal à le suivre avec mes petites jambes et mes talons hauts. Nous visitons l’appartement en trois minutes chrono, et l’homme me fait l’article : « vous voyez mademoiselle, il est parfait cet appartement, vous avez bien de la chance qu’il soit encore libre. Il est fait pour les jeunes comme vous qui commencent dans la vie. Mais il faut me donner votre dossier tout de suite. » Ai-je l’air si jeune et naïve qu’il devine d’un coup d’œil que je ‘démarre dans la vie’ ? En tout cas, cela me vexe. Je me sens comme un enfant à qui l’on dit de ne pas jouer dans la cour des grands et de retourner au jardin d’enfant. Mais il faut faire avec… L’agent poursuit : « voilà, la salle de douches avec WC, elle est petite et parfaite, le coin cuisine, à équiper entièrement, ce qui vous permet de l’organiser exactement comme vous le souhaitez, et la pièce de vie, spacieuse et lumineuse ; elle fait au moins quinze mètres carrés ». Je laisse l’agent reprendre son souffle, lance un regard circulaire sur la « pièce de vie » qui, à vue de nez, ne fait pas plus de douze mètres carrés. Je tends l’oreille : un camion qui passe fait vrombir les fenêtres donnant sur le boulevard. Je demande, l’air ingénu :
« - Les propriétaires ont l’intention de mettre des doubles vitrages, n’est-ce-pas ?
- Non, ce n’est pas nécessaire, l’appartement est bien isolé. Mais si vous tenez absolument à en mettre, on vous fera une fleur et on vous donnera le droit de poser vous-même des doubles vitrages. A vos frais, bien entendu.
- Eh bien, en fait, pour moi, le bruit, c’est plutôt rédhibitoire…
- Je vois. Alors nous n’avons plus rien à faire ici. Allons-y. »
L’homme se ferme comme une huître : il éteint prestement le compteur électrique et me pousse dehors. Il déteste que je lui fasse perdre son temps. S’ensuit un silence gêné dans le mini-ascenseur, collés l’un à l’autre.

Pour un autre 2-pièces que je visite et dont l’annonce m’allèche particulièrement, je demande à ma mère de m’accompagner, afin d’apporter la caution d’un ‘vrai adulte’, et qu’on arrête de me traiter ouvertement de jeunette !
L’appartement me plaît, il est clair, calme, petit et propre. C’est le bon. Je tends à l’agent mon dossier, qu’il feuillette rapidement avec un doigté d’expert blasé, et me lance d’un ton péremptoire: « vos revenus n’atteignent pas trois fois le loyer. Il va nous falloir une caution parentale. » Il referme mon dossier dans un claquement de feuilles. J’ai un pincement d’énervement devant le pouvoir de cet inconnu : il vient d’apprendre en un clin d’œil des informations sur moi que même mes parents ignorent, sans avoir à rien dévoiler lui-même. Il sait de quel côté penche la balance, il sait que je ne peux l’envoyer paître… Je regarde ma mère, qui vole à mon secours : « bien sûr, Monsieur, je vous faxe le document à votre bureau dans la journée. » « D’accord, concède l’agent, mais faites-le avant quatorze heures, parce que j’ai fait une autre visite de cet appartement ce matin avant vous, et la personne le veut absolument… » Perplexe, je regarde ma montre : il est 08h15. Se peut-il que la première visite ait été à 07h30 du matin ? Ne posons pas trop de questions…
De retour chez mes parents, je rédige avec ma mère une lettre d’en-tête obséquieuse à souhait : « veuillez trouver ci-après le complément de mon dossier que je vous ai soumis ce matin… n’hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de précisions… dans l’attente de votre réponse… »
Le lendemain, l’agent immobilier m’appelle pour prendre rendez-vous pour la signature du bail. J’ai réussi ! Maintenant, il va falloir déménager…