mardi, juillet 04, 2006

Mes amies font des bébés...

Une des mes amies a accouché la semaine dernière. C’était une césarienne programmée, un lundi matin à neuf heures. Je n’avais pas prévu d’appeler mon amie le jour même, ni d’aller la voir à la clinique : je me disais qu’elle serait trop fatiguée, et qu’elle aurait déjà du mal à faire bonne figure lors des visites des deux familles.

J’ai peut-être tort, mais j’ai cette idée que certains membres de la famille, que l’on voit rarement, s’inventent soudain plus proches qu’ils ne le sont, et se ruent à l’hôpital quand un enfant naît. Ils ont une envie irrésistible de voir le nouveau-né, et ne pensent pas toujours au bien-être de la Maman qui préfèrerait peut-être se reposer seule avec son bébé…
Je me mets donc à la place de la Maman (enfin, la place que j’imagine être celle de la Maman), et je me dis : elle est fatiguée, elle souffre, elle n’est pas au mieux de sa forme ni de son humeur. Elle préfèrerait qu’on la laisse en paix quelques jours. Je ne débarque donc pas dans sa chambre de façon intempestive. C’est un principe que je me suis établi, et je m’y tiens. Je n’y dérogerais que pour ma sœur. Mais ma sœur vit au Canada…

Pour en revenir à mon amie, que j’aime beaucoup et à qui j’ai bien pensé pendant l’opération, je ne l’ai donc appelée que jeudi, en prévision de sa fatigue bien compréhensible et de toutes les visites qu’elle a dû avoir. Elle a à peine eu le temps de me dire que « c’était la crise », et elle a raccroché.
Le lendemain matin, son mari m’a gentiment appelée pour me dire que tout allait bien, mais que toutes ces visites fatiguaient mon amie, qui avait ainsi décidé de les stopper net. Comme il disait, il a été chargé de « faire le cerbère. » Pas de problème, je comprends.

Je n’appelle pas mon amie de tout le week-end, et elle ne m’appelle pas non plus. Pas de nouvelles d’elle depuis huit jours. Et soudain, lundi matin, panique à bord.
Où est donc mon amie ? Où a-t-elle disparu ? Je ne suis pas un membre lointain de la famille, je suis une de ses amies les plus proches ! Pourquoi n’est-elle pas joignable ? Alors ça y est, elle est Maman, et je ne peux plus lui parler ? Et moi, aurai-je encore une vie quand j’aurai des enfants ?
L’angoisse. L’angoisse ultra-égoïste certes, mais l’angoisse quand même.
J'envoie un appel au secours à une amie commune, qui me répond aussitôt qu’elle aussi se demande comment notre amitié va évoluer, maintenant que notre amie est « passée de l’autre côté ».
Ouf, je me suis sentie un peu moins égoïste de savoir que je n’étais pas la seule en panique.

Finalement, mon amie m’a appelée hier midi. Honte à moi, je ne m’y attendais vraiment pas. Elle était rentrée chez elle la veille, son petit dormait et elle s’est dit qu’elle appellerait sa vieille copine… Sa voix était reposée, elle m’a dit la vérité sur la césarienne –aucune douleur, nickel-, sur la montée de lait –l’horreur, une douleur atroce qui l’a empêchée de dormir deux nuits de suite-, et j’ai retrouvé mon amie comme je la connais : franche et directe. Pas de langue de bois. C’est une des qualités que j’aime le plus chez elle.
La seule chose qui a changé, je dois bien l’avouer, c’est cette intonation de sa voix que je ne connaissais pas : cette façon de dire que « c’est génial ». Sa voix tranquille quand elle dit que son fils est de toute façon le plus beau.
Je me suis retrouvée bête d’avoir douté. J’ai eu un peu honte d’avoir envisagé qu’elle nous abandonnerait. Maintenant, je suis juste heureuse pour elle… et j’ai hâte d’aller la voir dimanche pour lui apporter tout le fromage au lait cru dont elle rêve depuis neuf mois !

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