Un nouveau chez-moi m’attend. J’ai signé les papiers, j’y ai droit. L’appartement me plaît, tout va bien.
Sauf que non, justement. Ce soir, je n’ai pas envie de bouger. Il a beau faire une chaleur torride dans mon studio sous les toits, c’est ici que je vis avec bonheur depuis huit ans. Et puis, d’ailleurs, la chaleur tombe en cette fin d’après-midi ; je vais pouvoir rouvrir les volets et profiter du soleil du soir. Dans une heure, il ne fera plus si chaud.
Pourquoi une telle angoisse ? Pas envie de tout ranger dans des cartons, ni de faire un grand ménage pour récupérer ma caution ? Ca, c’est sûr, mais pas seulement : pas envie de m’extraire de mon cocon.
J’ai déménagé dix fois avant de me poser ici : avec mes parents, puis le voyage en Russie avant de commencer mes études, puis quelques chambres d’étudiantes dans diverses banlieues. A chaque fois, je faisais et défaisais mes valises sans y penser, sans traumatisme apparent. Sauf que… je me demande aujourd’hui si chaque personne ne dispose pas dans sa vie d’un ‘crédit déménagement’ limité, au-delà duquel l’angoisse de bouger à nouveau lui fait péter les plombs. Serais-je toute proche de cette limite ?
Ici, j’ai pour la première fois construit moi-même, sur du long terme. J’ai choisi mes meubles Ikea, décidé de la couleur du rideau de douche, inventé ma vie de quartier. J’ai adoré mon rituel du dimanche, marché le matin, retour à la maison en passant par le kiosque à journaux pour le JDD et la boulangerie pour le pain et la boule au chocolat, bon déjeuner, puis sieste.
Ici, ce que j’aimais le plus, c’était passer devant les vitrines des agences immobilières qui bordent ma rue, et les snober ostensiblement. Les passants s’y arrêtaient, à l’affût d’une bonne affaire, ou simplement pour se dire « c’est devenu tellement cher !! J’ai bien fait d’acheter il y a dix ans ! » Mais moi, je n’avais pas besoin de connaître les opportunités, ni de savoir à quelle vitesse le marché grimpait, car j’étais dans ma bulle et je n’avais pas besoin d’en sortir.
Evidemment, mon studio n’était pas parfait en soi, mais il était parfait pour moi.
Enfin, tout ça, c’est fini. Bien sûr, je ne serai pas loin. Bien sûr, mon nouveau quartier sera aussi plein de charmes que je découvrirai. Bien sûr, au fil du temps je tisserai des liens avec les commerçants. Mais quelle angoisse…
dimanche, juillet 02, 2006
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