vendredi, février 16, 2007

Superprofits

Total : 12,6 milliards d’euros de bénéfice net en 2006.
BNP Paribas : 7,3 milliards.
Société Générale : 5,2 milliards.

Shocking ?
Contrairement aux pays anglo-saxons, la France garde une culture de la ‘saleté de l’argent’: l’argent est louche, le profit tabou. On ne dit pas combien on gagne, on n’achète pas de voiture chère, que l’on juge m’as-tu-vu.
En France, quelqu’un qui affiche sa réussite est forcément suspect.

Alors, hier matin sur RTL, le débat des ‘auditeurs ont la parole’ promettait d’être intéressant.
Il ne le fut pas dans le sens auquel on s’attendait.

Le premier intervenant était un entrepreneur, qui expliqua qu’il est normal pour ceux qui investissent et prennent des risques d’avoir un retour. Après tout, l’inverse est aussi vrai : les investisseurs perdent leur argent quand l’entreprise n’est pas rentable…
Les auditeurs suivants travaillaient pour des filiales des trois entreprises superprofitables, et semblaient satisfaits de ce gros quatorzième mois qu’est l’intéressement au bénéfice (car ils touchent déjà un treizième mois).

Mes compatriotes seraient-ils en train de virer leur cuti ?
Pour paraphraser Churchill, ont-ils accepté le fait que le capitalisme est le pire système économique à l’exception de tous les autres ?

Dans ce système, il semble que les salariés les moins bien lotis ne soient pas ceux des super-entreprises, dont les profits augmentent leurs revenus, fournissent des cantines haut-de-gamme ultra-subventionnées et ouvrent des crèches au pied des tours de la Défense.
Non, ceux qui souffrent sont les salariés dont les entreprises –trop petites- ne sont pas (encore) cotées, car ils ne bénéficient pas de toutes ces possibilités d’intéressement, participation, etc…

Conclusion : ce n’est pas trop de capitalisme que l’on a en France, mais pas assez.

Cela fait réfléchir.
Moi qui pensais que les Français avaient de l’actionnaire une image du gros-plein-de-soupe fumant son cigare, je ne sais plus que penser !

7 commentaires:

Christophe Berget a dit…

Je suis heureux que le Groupe pour lequel je travaille fasse des bénéfices car comme tu l'as bien dit, je touche un quatorzième mois... entre autre.

Anonyme a dit…

Et est-ce que vous avez des scandales financiers à la "Enron" qui éclatent vous aussi ? Nous au Québec, on a eu le scandale "Norbourg" où de pauvres gens se sont fait flouer par un requin de la finance. Tant de mauvaise foi, ça m'horripile ...
Et, en passant, la québécoise en moi se demande bien qu'est-ce que c'est, le truc du 13e et 14e mois ?

Christophe Berget a dit…

@Geneviève : il existe des scandales (mais en France, les salariés sont un petit peu protégés et ne perdent pas leurs années de cotisations à la retraite par exemple, car la caisse de retraite est publique).

Le 13ème mois : en générale payé fin décembre, et bien c'est facile à comprendre, en décembre ton salaire est multiplié par deux. Dans mon cas, le teeizièmz mois est payé en deux fois : une moitié fin juillet et une moitié le 20 décembre.

Le 14ème mois : en fait, pour moi ce n'est pas réellement un 14ème mois, c'est juste le partage des bénéfices entre les cadres, soit environ 75 % de mon salaire. J'ai le choix de le prendre en actions ou en argent (dans ce cas, soumis à l'impôt), versé en principe mi-mai.

Je touche en plus une prime d'objectif d'environ 25 % de mon salaire, versée en mars ou avril avec mon salaire.

Je tiens à ajouter que je ne suis pas soumis au 35h/semaine et que je ne vole pas cet argent et que j'ai un des plus petits salaires de la boîte soit 1700 € net / mois ; je bénéficie d'environ 144€ par mois de tickets resto, une voiture de fonction et en tout 43 jours de congés.

Voilà.

REGOR a dit…

@genevieve: J'ai déjà connu le "requin" en question plus jeune.Il venait du même patelin...c'était un gentil gars , très courtois, sportif et intelligent. La culture de l'argent devient une drogue forte ou même des gentils se mettent à "croire" que ce qu'il font n'est pas si grave que ca .....avec les résultats qu'on connait

Blanche a dit…

Geneviève: comme dit Christophe, je ne suis pas sûre que ce type de scandale soit déjà arrivé en France; celui du Québec, tu vas en parler dans un prochain post pour nous expliquer?:)

En tout cas, ce que je voulais dire dans mon post, c'est que finalement, peut-être à notre propre insu, nous les Français avons évolué dans notre rapport à l'argent et au capitalisme.
Et je pense que c'est une bonne chose (sans atteindre les extrêmes du modèle américain), car il était temps que nous nous rendions compte que le capitalisme est seul (malhreuseument ou non) système viable; on a vu ce que donnait le communisme.
En résumé, le pragmatisme est ce qui manque le plus aux Français vindicatifs; et c'est bien le problème!:)
Alors, si au niveau de l'économie on est déjà sur la bonne voie, eh bien c'est bon signe!

Christophe Berget a dit…

@Blanche : Complètement en accord avec toi !

Anonyme a dit…

Ouf ! Je n'oserais m'aventurer sur un dossier si chaud dans mon blogue(surtout que la finance, c'est loin d'être mon truc hehe). Mais le scandale Norbourg est une saga en soi au Québec. Ou plutôt un film d'horreur (d'ailleurs, Regor, tu me rassures en me confirmant que notre Vincent national n'est pas né avec cette imbécilité!). Je te suggère donc ce lien: http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie-Affaires/2005/11/23/005-Norbourg_scandale_eclate.shtml