jeudi, août 03, 2006

Angoisse du nouveau chez-soi

Cette nuit était ma deuxième nuit dans mon nouvel appartement. J'ai moins bien dormi que la première.
La première nuit, vous êtes crevé par la journée qui vient de passer, les allers-retours au camion, les 'où il va, ce carton?', et votre corps est trop engourdi pour se venger de toutes les misères que vous venez de lui faire.

Mais la deuxième nuit, vous commencez à réaliser: vous avez mal au dos, vos avez perdu vos repères, pas eu le temps de créer les nouveaux. Vous êtes déboussolé.
Alors, vous vous réveillez la nuit, pour le passage obligé aux toilettes, (enfin, je parle pour moi) et, tout groggy que vous êtes, vous vous dites: 'bon, on arrête le cirque tout de suite, et on rentre à la maison… Mais… c'est ici la maison!' C'est ce champ de bataille, cartons éventrés, papiers journaux éparpillés. There's no turning back (certaines expressions sonnent tellement plus vrais en anglais, pardon Mr Toubon).

Je sais qu'il fallait que je déménage, je sais que c'est pour le mieux, mais j'ai l'impression de dire adieu à une vie entière. Mon appartement était devenu une partie de moi, de ma vie telle qu'elle était, et telle que je l'aimais. J'ai peur que dans ce nouvel appartement, ma vie doive changer. Or, je n'ai pas envie qu'elle change!
J'aime ma dînette quand mes amis viennent, pas grave si on n'a pas de table! J'aime monter mes escaliers, le sentiment que ce petit inconvénient est typiquement parisien, et représente un sésame pour accéder à 'la vie parisienne'. Et moi, amoureuse de Paris, je n'ai jamais eu mal aux jambes en montant ces cinq étages! Si c'était le prix à payer pour y appartenir, alors c'était un tout petit prix!
Et puis, ce premier appartement, c'était à la fois ma liberté, une vie plus facile car je commençais à gagner de l'argent, et l'impression que je posais enfin mes valises, après 36 déménagements, de résidences universitaires en colocations.

Je suis triste. Pourtant, je me dis que cet appartement n'a jamais été à moi, et que je ne devrais pas y être attachée: après tout, il ne m'a jamais appartenu; j'ai toujours eu un propriétaire qui avait les clés et sonnait de temps en temps chez moi l'air de rien, pour jeter un œil…
En fait, ce n'est pas cet appartement que je vais regretter, mais tout ce qu'il représentait.

J'ai lu un jour qu'un déménagement était l'événement le plus traumatisant qui puisse vous arriver, après un décès. Ma tante, elle, dit qu'il faut un an complet pour se sentir bien dans un nouvel appartement. Triste perspective.

Allons, allons, reprenons-nous! Blanche, tu es une battante! Vite, pensons aux choses positives qui me sont déjà arrivées depuis deux jours.
Hum…Difficile…
J'ai quelque chose!! C'est tout petit, mais vous verrez, ça vaut le coup: j'avais repéré les tringles à rideau de l'appartement lors de ma première visite, et avais évalué leur longueur à vue de nez. J'ai commandé mes voilages à la Redoute, en croisant les doigts pour ne pas me tromper de dimension. (Entre parenthèses, le choix de dimensions de voilages est phénoménal à la Redoute: il faut le vouloir pour ne pas trouver rideau à votre tringle!) L'idée sous-jacente était de ne pas avoir à faire d'ourlet (je sais à peine coudre un bouton).
Eh bien, j'ai reçu mon paquet il y a quelques jours, et c'est la première chose que j'ai installée hier! Et croyez-le ou pas, mais mes rideaux vont im-pec-ca-ble!! La classe…

Mes pièces sont vides, mais mes fenêtres sont magnifiques!

1 commentaire:

Blanche a dit…

Merci, Annie; c'est vrai que c'est dur, chaque objet n'a pas encore retrouvé sa place, et surtout, moi je n'ai pas encore retrouvé ma place...