vendredi, août 18, 2006

Voyage au bout de la nuit… en TGV

Ah, le TGV (train à grande vitesse), fleuron de la technologie française, que le monde entier nous envie… je n’ai toujours juré que par lui : les trains confortables, rapides, le paysage qui défile, et Paris-Marseille en à peine trois heures… Le bonheur… Jusqu’à aujourd’hui.
J’ai eu l’idée de passer le week-end du 15 août dans le sud, pour profiter du beau temps. J’ai certes pris de bonnes couleurs et bu beaucoup de rosé, mais la fin du séjour fut moins rose, justement.

Le train prévu à 17h57 en gare des Arcs-Draguignan (arrivée à Paris : 22h23) y entre à 19 heures, en raison des orages qui endommagent les câbles. Ok, ça peut se comprendre. Chacun attend patiemment sur le quai, sous une pluie fine bien inhabituelle dans cette contrée.
Une heure et demie pour arriver à Aix-en-Provence –escale prévue-, puis le conducteur met les gaz pour rattraper son retard. Attention mon gars, appuie sur le champignon, mais n’y va pas trop fort! Il ne faudrait pas risquer de casser le moteur…
Au bout de quelques minutes à cette vive allure, une odeur de brûlure électrique se propage dans la rame. En quelques instants, le TGV est immobilisé. Silence dans la rame. Puis, le haut-parleur prend la parole : « en raison d’une défaillance de moteur, nous allons redémarrer vers Avignon, pour changer de train. Merci de ramasser vos affaires et de procéder dans le calme au transbordement. »
Tout le monde de s’affairer, et de mettre ses valises dans l’allée, prêt au transbordement ! Dix minutes passent. Avignon n’arrive pas. Les passagers se regardent dans la rame : ?. Et le haut-parleur de préciser, finalement : « l’arrivée en gare d’Avignon est prévue dans une heure. »
Je fais un rapide calcul : 1h + 30 minutes de transbordement + 2h45 de trajet = arrivée à 1h30 du matin à Paris. Trop tard pour prendre le métro, certes, mais pas dramatique. A 1h30, on trouve encore facilement des taxis.
Puis le haut-parleur recrache, pour nous annoncer sa dernière mauvaise nouvelle : « l’arrivée à Paris est prévue avec six heures de retard. » Soit 4h du matin. ???? Suis-je si mauvaise en calcul mental ?

Mon sang ne fait qu’un tour : je file dans la cabine du contrôleur demander une explication.
« - Bonsoir, je peux vous poser une question ?
- Allez-y, répond le contrôleur.
- Eh bien, je ne comprends pas : comment peut-on avoir soudain autant de retard ? Il faut moins de trois heures pour faire Avignon-Paris, non ?
- Non, la GV ne fonctionne plus après 23h…
- La GV ?
- La ligne grande vitesse. Le train est obligé d’emprunter les voies normales passé 23h. »
[130 km/h au lieu de 300. Ah ouais d’accord. Remarquez, la logique m’échappe. Mais bon ; je ne suis pas spécialiste des trains.]
Je poursuis.
« - Avez-vous prévenu des sociétés de taxi pour qu’ils nous attendent à 4h du matin ? Car nous ne pourrons pas rentrer chez nous autrement…
- Moi, je transmets les infos à mes collègues à Paris, et après, c’est à eux de voir ce qu’ils feront !
- Mais, dis-je interdite, n’avez-vous pas prévu quelque chose ?
- Je suis comme vous, moi, je suis dans le train, je ne peux rien faire pour ce problème.
[C’est vrai ça, le gars est dans la même barque que moi, lui aussi va rentrer chez lui à pas d’heure !]
« - Et... savez-vous déjà ce que vos collègues ont prévu ?
- Non. Je pense qu’ils mettront en place des trains-couchettes à la Gare de Lyon [pour les bloggeurs canadiens, Gare de Lyon = Paris], pour que vous puissiez finir votre nuit ! »
Dormir dans un train-couchette, dans ma propre ville ? L’idée me laisse perplexe.
Je repars m’asseoir en grommelant.

Nous arrivons à Avignon, pour le fameux transbordement. Femmes, enfants, personnes âgées, tout le monde porte sa valise, et haut les cœurs ! 3, 2, 1 c’est parti, marchez-vous dessus !
La pluie continue de tomber, la nuit est arrivée, et nous voilà tous, portant nos paquets, d’un quai à l’autre, dans cette gare déserte.

Dans le nouveau train, on nous annonce : « le retard prévu est de sept heures. Nous devrions arriver à Paris à 5h du matin. » Allé, une de plus et je pourrai attraper le premier métro ! Puis « nous vous prions de nous excuser pour ce retard. La SNCF vous remboursera l’intégralité de votre billet, et des plateaux-repas seront livrés en gare de Lyon. »
Quoi, c’est tout ? C’est que j’aurais besoin de plus pour financer les bottes Prada repérées au Bon Marché ! (cf post du 5 août).

On crève de chaud, dans cette rame. Quand le contrôleur passe, nous lui demandons de monter la clim. Quelqu’un dans un rang envoie : « et du champagne ! ». C’est vrai ça, un petit coup de champ’, ça ferait du bien !
Le contrôleur repasse pour dire que la clim est cassée. Loi de Murphy, quand tu nous tiens… Et vous êtes priés de rôtir calmement !

Le ronron lent du train nous apaise un peu. Que faire, à part dormir ?
Je sors mon pull de ma valise pour m’en faire un oreiller. Je prends un Lexomil et sombre dans un demi-sommeil chimique. Le haut-parleur me réveille chaque heure pour annoncer notre progression vers Paris. Valence. Lyon. Mâcon. Dijon.
A 5h15, les lumières de la rame se rallument. J’émerge un peu et regarde dehors : atmosphère de fin du monde dans cette lointaine banlieue encore endormie.
Nous approchons. Il est 5h40. Je vais donc pouvoir prendre le premier métro, finalement.
Cinq minutes plus tard, nous entrons en gare et sortons par grappes du train, zombis mal réveillés. Les agents de la SNCF nous attendent pour nous distribuer nos bons de remboursement. Je ne pense même pas à les plaindre de bosser là à 6h du mat, face à des gens excédés.

Finalement, nous ne saurons jamais la cause de notre nuit ferroviaire : je supposais un moteur cramé, mais ce que j’y connais, moi, en mécanique…
On ne nous a rien dit. On a juste été trimballés. Alors, Messieurs de la SNCF, un petit conseil d’(ex?)ami : traitez vos passagers comme des clients, non comme des usagers. Informez-les, dites à votre ‘personnel navigant commercial’ d’être aimable, faites des gestes commerciaux (pas juste le remboursement sec du billet). Prenez exemple sur Air France.

2 commentaires:

Christophe Berget a dit…

Je suis perplexe quant à la réponse du contrôleur. Plus de GV pendant la nuit, lol. M'enfin, ils ne changent pas, aucune info. Vive la SNCF !!

Phoebe a dit…

'tain la galèèèère.

Autant aller passer le ouikende à Nouyorke ...