‘Te souviens-tu de notre rencontre ?
Je descendais les escaliers du foyer en chantonnant. J’étais à l’heure pour mon premier cours, et de fort bonne humeur. Arrivée en bas, j’ai tiré la lourde porte en acier, puis poussé la seconde en bois. Ce sas devait nous protéger des tornades de vent sibérien qui ne manqueraient pas d’arriver.
Mais ce jour-là, il neigeait pour la première fois. Des flocons de neige tombaient pour s’évanouir sur le bitume noir du trottoir. Ces flocons étaient encore petits, éparses, et la terre encore trop chaude pour accueillir l’hiver.
Je me suis arrêtée sur le pas de la porte pour regarder ce spectacle tant attendu. Que n’avais-je entendu sur les hivers moscovites, et j’allais en vivre un pour de vrai !
Je suis restée immobile quelques instants, à regarder le ciel prometteur. J’ai entendu derrière moi le bruit des deux portes. La première, lourde, un pas en avant, puis la seconde, plus légère. Je ne me suis pas retournée. J’ai dit tout haut ‘ça y est, il neige’.
Quelqu’un a répondu ‘eh oui, ça y est’. Cette personne derrière moi parlait français.
J’ai tourné la tête ; tu portais un blouson matelassé bleu marine, et tu ajustais tes gants en daim marron. Tu étais grand, très mince.
« - Es-tu français ?, t’ai-je demandé.
- Non, je suis marocain. Et vous ?
- Française. Je suppose que tu vas ce matin à l’université ?
- Oui.
- Eh bien, allons-y ensemble ! »
Nous avons parcouru ensemble les cinquante mètres qui nous séparaient de la station de métro, et sommes descendus dans l’antre. J’adorais ce léger vertige que l’on ressent quand on pose un pied sur l’escalator : tout en bas, le quai était creusé si profond dans la terre que l’on ne voyait pas le bout du tunnel.
Je suis passée devant toi et me suis retournée pour te parler.
Tu venais d’arriver à Moscou, tout comme moi, et tu parlais d’une voix aussi posée que la mienne était enjouée. Tu me vouvoyais, et je ne savais comment te dire que c’était à la fois inutile et charmant.
Tu m’as vouvoyée pendant tout le trajet en métro, puis à pieds. Tu avais les yeux noirs, si noirs que l’on ne voyait pas la pupille, et de longs cils recourbés, noirs eux aussi. Etrange, dans cet océan russe d’yeux bleus et de chevelures blondes.
Je t’ai laissé devant ton bâtiment, en te promettant de te rendre visite un soir au foyer, et ai poursuivi mon chemin jusqu’à ma salle de cours, un peu plus loin sur le campus.’
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8 commentaires:
Vas-y, Blanche, on veut tout savoir de cet amour moscovite. ;)
Tu crois qu'ils sont tombés amoureux?:)
Merci pour ton encouragement!!
la pemière neige, elle a quelquechose de magique... Si feerique et si souvent inattendue. Ce début est drôlement prometteur, et j'ai très hâte de lire la suite. Je sens qu'elle va plonger plus rapidement que lui, qui sera plus en retrait, un peu moins passionné. Et que oui ils vont tomber amoureux... comme ça n'arrive que dans les histoires, les rêves, les films. Mais cela n'engage que moi, on verra si je me trompe !!
J'espère que tu es partie pour au moins 450 pages : )
Wow très très prometteur !! La suite, la suite ! :)
Mais oui, la suite ! Et qu'est-ce qu'il étudiait à Moscou ? Pourquoi Moscou ? Quelle idée saugrenue quand même...
Je sais pas pourquoi, mais moi dès qu'on parle de petits Méditerranéens, tout de suite mon coeur s'emballe, se fait des histoires, entends des sonorités qui n'ont rien à voir avec le russe... Mouais, je suis déjà vendue...
Merci merci!! Très prochainement, la suite!
Blanche, on y croit tous à ton histoire...c'est bien raconté
On sent l'hiver Moscovite, on voit l'intérêt de la fille se dessiner...
Bon, on l'achète ou ton roman...
J'en prend un !!
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