Léger haut-le-cœur comme dans un ascenseur qui démarre, l’avion amorce sa descente. Dans une demi-heure, nous serons à Moscou.
Combien-tième atterrissage à l’aéroport de Sheremetyevo ? Je ne compte plus. Vingt, trente fois déjà ? Peu importe. C’est à chaque fois la première fois.
D’abord, il faut passer l’épaisse couche de nuage ; on ne voit rien pour l’instant. Je regarde attentivement par le hublot. Si j’ai un siège ‘couloir’, je me penche en avant ou en arrière, sans craindre de me contorsionner, ni d’avoir l’air ridicule. Mes voisins de rang me regardent étonnés quelques secondes, puis voient qu’ils ont affaire à une mordue du paysage et se replongent dans leur magazine ; ceux qui ont peur à l’atterrissage se cramponnent à leurs accoudoirs et ne remarquent pas mes gesticulations. Tout va bien, donc.
De très haut, la terre paraît toute grise. Puis, on remarque les grandes tâches noires des forêts de sapins, les étendues blanches de neige quand c’est l’hiver, et les petites routes étroites.
L’avion continue à descendre. Des hameaux d’isbas apparaissent. Ce sont les premières couleurs que l’on voit à nos pieds. Les toits sont noirs, mais les corps de ces petites maisons en bois sont verts, rouges ou même bleus.
Autour de chaque isba, un lopin de terre et une clôture carrée. D’éparses au début, les isbas se rapprochent au fur et à mesure que nous approchons de la mégalopole. Puis, les premiers immeubles apparaissent. Nous allons très bientôt atterrir.
A l’horizon, dans un immense flou gris, on devine Moscou, mais on ne la voit jamais. Les immeubles en dessous de nous, de facture soviétique, et identiques les uns aux autres, ne sont pas encore des gratte-ciels. La ville tentaculaire n’a pas encore tout à fait atteint Sheremetyevo. Mais cela ne saurait tarder… Peut-être au prochain atterrissage ?
Les pistes de l’aéroport apparaissent à toute allure, et le pilote sort les trains d’atterrissage. Dans une minute, je serai en Russie. Nous descendons à toute vitesse. Une secousse, puis un freinage serré.
Des sacs tombent des sièges et roulent sur le sol. Nous sommes arrivés ! L’avion se calme, puis entame sa valse de virages. Je suis scotchée au hublot, je ne perds rien de ce spectacle que je connais par cœur. Au détour d’un virage, j’aperçois le repère qui me confirme que je ne me suis pas trompée de vol : le bâtiment en verre fumé du terminal. Les lettres rouges ‘Sheremetyevo 2’ le surmontent. Des avions blancs au flanc marqué ‘Aéroflot’ y sont amarrés. La première fois que je suis venue, je n’arrivais pas à déchiffrer ce mot. Quelle frustration, mon premier mot en russe ! Dès la fois suivante, je me suis assuré que je maîtrisais l’alphabet cyrillique.
Ce morne paysage d’aéroport me rend euphorique ; bulle de bonheur avant de sortir de l’avion et affronter les files d’attente à la douane. Je suis tout excitée, je n’ai qu’une idée, courir hors de l’avion et fouler le sol russe. Je me vois déjà sur l’autoroute qui mène vers le centre de Moscou, avec sa bonne odeur flottante de pot d’échappement. Cette odeur de gasoil pollué, ma madeleine à moi… C’est lorsque j’en remplis mes narines que je me sens vraiment à Moscou.
mercredi, octobre 04, 2006
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6 commentaires:
Bonjour Blanche,
Superbe description de ces moments à l'arrivée après plusieurs heures de vol... J'avais la même sensation quand j'arrivais à Dubai en provenance du Quebec après 30 heures de voyage.
Mais c'était plus chaud !!!
Tu fais quoi en Russie,
Blanche à Paris ?....
Si ce n'est trop impoli ...
Oui, moi aussi j'aimerais savoir ce que tu fais en Russie. Ça a l'air intéressant. :)
Il parait que Moscou est horriblement pollué et que l'air y est difficilement respirable. Info ou Intox ?
@parisan-qc: info totale!!
@parisian_qc: au fait, le lien vers ton blog ne marche pas! (je ne sais pas si c'est voulu, en tout cas je te donne l'info!)
Désolée c'est parce que mon blog n'est pas sur blogspot... Si tu es interessée par les tourments http://terraincognita.hautetfort.com
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