jeudi, avril 19, 2007

Lettres


Toulon, le 16 juillet 1947

Ma fiancée chérie,

Sais-tu que je m’encroûte déjà dans mon bonheur ? Et que cette lettre faite alors que tu es encore à Toulon me semble un de ces devoirs de Français que l’on fait faire à l’école ? (‘Supposez qu’un Commissaire de la Marine vienne de vivre les plus beaux jours de sa vie pour l’amour d’une jeune fille, écrivez sa première lettre à sa fiancée’).
Hélas, ton départ demain matin ne sera pas, je le crains, factice, et il me crève doublement le cœur puisque c’est à cause de mon travail que tu dois partir si vite.

J’espère que lorsque tu liras cette lettre ton voyage n’aura pas été trop fatigant. Mon cher petit, tu m’écriras la réaction de tes parents que j’aime déjà respectueusement puisqu’ils ont connu toute ta vie antérieure, cette vie que je connais mal mais qui conditionne ta vie d’à présent, ta vie à venir ; vie d’à présent et vie à venir que tu m’as données, comme je t’ai donné les miennes.
Tu leur diras n’est-ce-pas nos idées pour notre mariage, notre désir qu’il se fasse le plus tôt possible, sois la chère messagère des désirs de toute ma vie.

Mon cher amour, je ne peux t’écrire longuement, il faut que tout à l’heure j’aille retrouver l’amiral…
Et puisque tu seras rentrée à Paris quand tu liras ces lignes, réponds-moi bien vite, bien vite.

Baisers, baisers, baisers

H.


Ma mère m'a donné la vieille valise contenant les lettres et les photos; une partie de la vie de ma grand-mère chérie.
Un peu absente ces temps-ci de mon blog, je suis plongée dans la lecture des lettres que mes grand-parents se sont échangées pendant toutes les années où ils ont vécu séparés...
On peut dire que ces deux-là s'aimaient, malgré les embûches et les malheurs...

10 commentaires:

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Lettre par lettre, le roman se dessine ;)

Caroline a dit…

Cette lettre met en évidence combien on est tellement prosaïque et pratique et ennuyant en amour, de nos jours! On prend tellement de temps avant de s'engager et de tout promettre. Et si on le fait, ça ne vaut pas toujours grand chose. On aime du bout du coeur... *soupir*

Quel bel héritage que cette valise pleine de mots doux.

Blanche a dit…

Onassis: tu crois?

Caroline: merci, Caroline! malheureusement, il n'y a pas que des mots doux dans cette valise... Notamment, une rupture des fiançailles pour de mauvaises raisons... La suite, bientôt...

Caroline a dit…

Ah ah, j'ai donc présumé et jugé trop vite! Je reste à l'antenne. :)

Blue a dit…

Ah, tu as de la chance d'avoir accès à tout ça, Blanche.

Et je trouve donc que les hommes sont "plates" de nos jours. Ils ne font vraiment aucun effort pour plaire et faire plaisir. Quel ennui!

Anonyme a dit…

C'est bien vrai, tout ca... C'est toute une epoque qui s'est eteinte... Mais c'est en tout cas une bien belle lettre, tres touchante. Merci de nous la faire partager !

Anonyme a dit…

Blanche : Oui, oui, je crois fermement...

Mo a dit…

Comme dit Caroline, quel bel héritage - de pouvoir lire l'histoire de ses grands parents. J'ai beaucoup de photos anciennes de mes grands parents mais pas de lettres. Mon grand père était ambulancier à Amiens pendant la 1e guerre mondial. J'aurais bien aimé lire son histoire.

REGOR a dit…

Les histoires d'amour et de déchirement nous émeuvent toujours trop à mon avis.
J'en ai écrites des dizaines de lettres pour une fille que je ne connaissait pas du tout.....et je les ai retrouvées et relues 15 ans après,des mains de ma femme !!!
Eh oui, comme Cyrano, mais
ca ne nous a pas empêché de divorcer.
Désolé pour la romance...