samedi, novembre 24, 2007

Souvenirs…

En faisant du tri dans mes ‘écrits’ (nom du dossier sur l’ordinateur), j’ai retrouvé mon tout premier essai d’écriture, un petit recueil de moments vécus.
Je l’ai relu avec tendresse. C’est maladroit, un peu alambiqué, mais sincère, et j’ai l’impression que je suis depuis restée fidèle à mon style.
Et si je vous en soumettais un extrait ?


1996, York. Je rends visite à un ami qui y fait ses études.

(…) York est un endroit très plaisant, mais à la tombée de la nuit le vent se met à souffler dans les ruelles autour de la cathédrale, et l’ombre des remparts devient lugubre.
Vers 19 heures, on se met à frissonner et les rues se vident. Marco et moi sommes encore dehors. Nous attendons 20 heures. Rendez-vous est donné devant un pub au bord du fleuve : c’est là que le ‘Ghost Walk’ part. Ce soir, nous allons arpenter la ville endormie à la recherche des ses fantômes.
Le guide arrive, pas très grand mais l’allure imposante. Il porte un long manteau noir et une écharpe blanche. Il va emmener le groupe étape par étape, en racontant de sa voix grave les apparitions qui ont eu lieu les nuits de pleine lune. Dans les caves du château, un soldat enfermé par erreur revient monter la garde et hurler contre l’injustice dont il a été victime. Dans cette rue, un duel a été fatal pour un combattant. Il y revient une fois par an. Groupés autour du guide, nous écoutons attentivement. Marco se met derrière moi pour faire écran au vent et ne laisser personne m’effleurer : cela me ferait bondir.



Marco et moi avons dîné avant, et je digère. Malheureusement, nous avons mangé épicé, et pour soulager ma langue brûlante, j’ai bu beaucoup d’eau... Le guide continue à raconter avec sa voix d’outre-tombe, mais j’ai de plus en plus de mal à me concentrer : l’envie se fait très pressante. J’en fais part pudiquement à Marco, qui devient tout pâle. Marco est quelqu’un de très convenable, et ce n’est pas poli de quitter le groupe en demandant au guide quelle est la prochaine étape pour pouvoir le rejoindre plus tard. Pourtant, il n’y a pas vraiment le choix...

Etape suivante en tête, Marco et moi nous élançons dans une course effrénée à travers les ruelles éteintes du centre ville, à la recherche d’un fast-food charitable. Le seul MacDo que Marco connaît est fermé. Je vois au loin les lumières jaunes et orange du concurrent. Enseigne allumée = restaurant ouvert ? Espérons-le.
Nous courons aussi vite que nous pouvons. La porte est ouverte, mais il n’y a personne dans le fast-food. Les chaises sont sur les tables. Le ménage a été fait. J’entre, un jeune homme sort de la cuisine derrière les caisses. « Nous fermons, mademoiselle. Nous ne pouvons vous servir que du jus d’orange. » Une boisson ? Ah ça non. Entendant Marco rentrer derrière moi, je ne prends même pas le temps de répondre. C’est fou ce qu’une vessie pleine peut rendre mal poli. La détresse doit se lire sur mon visage, car le vendeur me laisse monter à l’étage sans rien dire (règle à connaître: les toilettes sont toujours à l’étage). Marco esquisse un sourire gêné.

Quand je redescends, Marco, debout devant la porte, sirote un jus d’orange. Il n’aime pas le jus d’orange, mais cela ne se fait pas de ne rien commander quand on utilise les toilettes. Il m’en propose. Hors de question : je n’ai pas envie d’un deuxième marathon.

2 commentaires:

Bob August a dit…

>Marco, debout devant la porte
>sirote un jus d’orange. Il
>n’aime pas le jus d’orange
Drôle les choses que nous sommes prêt à faire par amour ou amitié ;-)

Blanche a dit…

... ou par politesse!:) Marco est quelqu'un de très convenable, et il aurait été gêné que j'utilise les toilettes sans rien acheter!:)