Aujourd’hui, j’avais besoin de me vider la tête.
Mon appartement est un champ de bataille, où je ne me sens pas (encore) chez moi. C’est terrible de ne pas se sentir bien chez soi ; l’extérieur devient alors le refuge.
Marre de déballer les cartons, j’ai pris mon MP-3, mon plan de Paris, et je suis sortie marcher. J’avance mieux avec de la musique.
Aujourd’hui, c’était Ella Fitzgerald, que je venais de télécharger sur le site de la Fnac. Ella et sa voix apaisante, qui dit ‘every time we say goodbye, I die a little…’ Je vous promets, j’ai essayé de ne penser à rien ni personne en particulier, pas même à l’appartement que j’ai quitté à regret !
J’ai essayé d’appeler quelques amis pour les rejoindre dans un café, mais ils étaient tous en vacances… Ah, Paris désert, au mois d’août… Quel charme !
Tant mieux, finalement. J’avais besoin d’être seule pour que le bitume avale mes idées noires.
J’ai commencé par les Champs, et leur attraction majeure à mes yeux : le Virgin Megastore. Passage obligé pour se réconforter : l’achat compulsif de livres. J’y suis restée une heure, à feuilleter les dernières sorties.
Et puis, un détour par le rayon Musique Classique s’est avéré payant (aux deux sens du terme) : j’y ai trouvé les concertos pour 4 pianos de Bach, avec les interprètes que je cherchais depuis des années. Mes parents avaient cette version en 33 tours, qui est jouée de façon enlevée, aérienne, joyeuse… Il me la fallait ; cette version et pas une autre. Et je l’ai enfin trouvée, après des années de recherche ! Je l’écoute en ce moment même, et je tape les mots en rythme !
J’ai quitté les Champs par l’avenue Montaigne. Un jeune homme m’a abordée en anglais, « excuse me… » Je pensais qu’il allait me demander son chemin, mais non : je me suis arrêtée en face de lui, et il m’a dit « I love you. » Bizarre, mais flatteur… Evidemment, je ne me suis pas attardée, mais le jeune homme était mignon !:)
Je suis passée devant le Plaza Athénée, où étaient garées toutes les plus belles Mercedes noires que compte la capitale. Y avait-il un mariage ou un enterrement mafieux ? J’ai repensé à Carrie Bradshaw, qui y dort dans les derniers épisodes de Sex & the City.
J’ai traversé la Seine au pont de l’Alma, puis l’ai longée, jusqu’à la rue du Bac. Un bon bout de chemin, si vous connaissez un petit peu Paris. Je n’ai croisé que des touristes, qui me regardaient comme une extraterrestre. Il est évident que je suis d’ici, je ne portais ni Birkenstock, ni bob, ni guide de Paris (ouh, la vilaine Parisienne !). Ca m’allait.
Il faisait bon, en haut de la Seine, le vent était doux et la vue magnifique. Comme toujours, je me suis arrêtée devant la Concorde, pas pour la place que je trouve hostile et impraticable, mais pour la vue sur le Sacré Cœur, au fond… On a beau connaître par cœur, on est toujours émerveillé.
Quelle joie de voir la verrière rénovée du Grand Palais, et son petit frère juste derrière, le Petit Palais, réouvert lui aussi. Quelle joie d’apercevoir au loin, en face de soi, Notre-Dame, qui vous attend comme une promesse, si vos pieds fatigués vous portent jusqu’à elle.
Je ne suis pas allée jusqu’à Notre-Dame. J’ai bifurqué rue du Bac. J’avais en tête un petit café avec terrasse juste devant le Bon Marché, et un bon Coca Light bien frais.
Allais-je avoir le cran de m’asseoir seule à une table… C’est que je ne l’ai jamais fait… Moquez-vous si vous voulez, mais je n’ai jamais osé. Trop peur du regard de l’autre. « T’es tout seul ? T’as pas d’amis ? », se moquaient mes copains de lycée quand ils croisaient un camarade seul dans la cour (moi y compris). La peur de faire pitié m’est restée. Alors, j’évite toutes les situations qui pourraient m’y conduire !
Mais d’abord, en quoi prendre un verre seul devrait faire pitié ? C’est vrai, ça ! Un bon soda bien frais en regardant les passants, qu’y a-t-il de plus agréable ? Il faut dire que je suis dans les beaux quartiers, et mes observations discrètes pourraient m’aider à flairer les dernières tendances mode de la saison ! Ici, point de touriste, mais des beautiful people, bien sapés et malheureux (enfin, malheureux, je ne sais pas, mais comme ils ont toujours l’air de faire la gueule…)
Je me suis donc assise dehors, ai commandé un Coca Light, et ai mis mes doigts de pied en éventail. Le spectacle était intéressant, et je n’ai pas eu à sortir mon livre, ni à passer un coup de fil. Surtout, je n’en ai pas ressenti le besoin : le mouvement de la rue se suffisait à lui-même. Point d’ennui, point de prise de tête. Et, sauf si je suis nympho, les regards qui se sont posé sur moi n’étaient pas des regards de pitié, mais plutôt de plaisir (le pantalon que je portais me va très bien).
Allé, je vous dis toute la vérité : avant de prendre place en terrasse, j’ai fait un détour au Bon Marché pour utiliser les jolies toilettes, et l’escalator m’a laissée devant le rayon chaussures. Un petit coup d’œil sur la nouvelle collection ne ferait de mal à personne, n’est-ce-pas ? Mais non !
Eh bien, ce fut fructueux ! Je sens que mon portefeuille va largement se délester à la rentrée, parce que je suis tombée sur LA paire de bottes dont je rêvais depuis deux hivers. J’ai résisté aujourd’hui –quelle idée de s’acheter des bottes en plein mois d’août-, mais je sens que cela ne va pas durer !
samedi, août 05, 2006
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1 commentaire:
"I love you", ils sont fort ces Anglais. Ta ballade m'a replongé dans mon année parisienne !
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