mercredi, septembre 13, 2006

Intelligence humaine

Intelligence : faculté de connaître, de comprendre ; qualité de l’esprit qui comprend et s’adapte facilement. Voici la définition du Petit Robert.
Qui n’admire pas ceux qui maîtrisent les équations à x inconnues, qui parlent couramment chinois en à peine six mois, qui font fortune en une nuit grâce à un montage financier éblouissant ?
On rencontre quelqu’un comme ça, et on dit de lui, en baissant la voix respectueusement : « ce mec est brillant ».
Brillant, certes oui. Mais qu’en est-il de l’intelligence humaine ? Celle du cœur, par opposition à celle de la tête. Est-ce que quelqu’un qui fait passer ses proches avant lui, qui sait se taire dans une conversation pour ne pas blesser l’autre, est forcément plus bête qu’un prix Nobel de physique ?
Est-ce comparable ? N’est-ce pas justement cela, la qualité de l’esprit qui s’adapte facilement ?

Mon grand-père est fils et petit-fils de paysans, du fin-fond de l’Ariège. Il est né à une époque où l’école républicaine savait dénicher les esprits intelligents dans les villages paumés. Mon grand-père a fait Polytechnique.
Ma grand-mère est fille d’un employé de mairie de Seine-Saint-Denis (pour les Québécois, en région parisienne). Elle n’a pu finir ses études à cause de la Deuxième Guerre Mondiale.
Ces deux-là ont bien failli ne pas se marier, parce que la mère de mon grand-père s’était mis en tête que son Polytechnicien de fils valait mieux qu’une fille d’employé de mairie. Elle, la paysanne ariégeoise ! Son fils était bien trop intelligent
Or, ma grand-mère était bien l’être le plus intelligent que j’aie jamais connu. Toujours à nous apporter des petits cadeaux quand nous étions malades, à nous faire des frites alors qu’il fallait éplucher des kilos de patates, et à demander des nouvelles des autres avant de se préoccuper d’elle.
Quand elle était paralysée, emprisonnée à l’intérieur de son corps, et qu’elle ne pouvait presque plus parler, elle demandait à ma mère qui venait la voir à l’hôpital :
«- Et Blanche, comment va-t-elle ? Tout se passe bien, à Londres ?
- Ca va », répondait ma mère en lissant les sourcils épais de ma grand-mère. « Elle a les mêmes sourcils que toi, et elle dit partout qu’elle en est très fière !
- Ah, je suis bien contente, alors ! », disait ma grand-mère, à qui le kiné venait de casser un bras et que les escarres faisaient atrocement souffrir.

Je crois qu’il n’y a rien à ajouter.
Peut-être une citation de Lauryn Hill:
« Think of your career they said
Lauryn, darling, use your head
But instead I chose to use my heart. »

5 commentaires:

Chroniques Blondes a dit…

Superbe billet Blanche! Superbe. Vive l'intelligence du coeur.

Blue a dit…

Oui, excellent billet, Blanche. Moi, j'aime bien parler d'intelligence chaude et d'intelligence froide.

Chris a dit…

Wow! Quel grand coeur elle a, ta grand-mère.

Blanche a dit…

Merci beaucoup pour vos commentaires, ils me vont droit au coeur!

Phoebe a dit…

Je suis d'accord avec ce que tu exprimes si bien,
l'intelligence "sèche" ne m'intéresse pas
Vive l'HUMAIN et le coeur !