Intelligence : faculté de connaître, de comprendre ; qualité de l’esprit qui comprend et s’adapte facilement. Voici la définition du Petit Robert.
Qui n’admire pas ceux qui maîtrisent les équations à x inconnues, qui parlent couramment chinois en à peine six mois, qui font fortune en une nuit grâce à un montage financier éblouissant ?
On rencontre quelqu’un comme ça, et on dit de lui, en baissant la voix respectueusement : « ce mec est brillant ».
Brillant, certes oui. Mais qu’en est-il de l’intelligence humaine ? Celle du cœur, par opposition à celle de la tête. Est-ce que quelqu’un qui fait passer ses proches avant lui, qui sait se taire dans une conversation pour ne pas blesser l’autre, est forcément plus bête qu’un prix Nobel de physique ?
Est-ce comparable ? N’est-ce pas justement cela, la qualité de l’esprit qui s’adapte facilement ?
Mon grand-père est fils et petit-fils de paysans, du fin-fond de l’Ariège. Il est né à une époque où l’école républicaine savait dénicher les esprits intelligents dans les villages paumés. Mon grand-père a fait Polytechnique.
Ma grand-mère est fille d’un employé de mairie de Seine-Saint-Denis (pour les Québécois, en région parisienne). Elle n’a pu finir ses études à cause de la Deuxième Guerre Mondiale.
Ces deux-là ont bien failli ne pas se marier, parce que la mère de mon grand-père s’était mis en tête que son Polytechnicien de fils valait mieux qu’une fille d’employé de mairie. Elle, la paysanne ariégeoise ! Son fils était bien trop intelligent…
Or, ma grand-mère était bien l’être le plus intelligent que j’aie jamais connu. Toujours à nous apporter des petits cadeaux quand nous étions malades, à nous faire des frites alors qu’il fallait éplucher des kilos de patates, et à demander des nouvelles des autres avant de se préoccuper d’elle.
Quand elle était paralysée, emprisonnée à l’intérieur de son corps, et qu’elle ne pouvait presque plus parler, elle demandait à ma mère qui venait la voir à l’hôpital :
«- Et Blanche, comment va-t-elle ? Tout se passe bien, à Londres ?
- Ca va », répondait ma mère en lissant les sourcils épais de ma grand-mère. « Elle a les mêmes sourcils que toi, et elle dit partout qu’elle en est très fière !
- Ah, je suis bien contente, alors ! », disait ma grand-mère, à qui le kiné venait de casser un bras et que les escarres faisaient atrocement souffrir.
Je crois qu’il n’y a rien à ajouter.
Peut-être une citation de Lauryn Hill:
« Think of your career they said
Lauryn, darling, use your head
But instead I chose to use my heart. »
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
5 commentaires:
Superbe billet Blanche! Superbe. Vive l'intelligence du coeur.
Oui, excellent billet, Blanche. Moi, j'aime bien parler d'intelligence chaude et d'intelligence froide.
Wow! Quel grand coeur elle a, ta grand-mère.
Merci beaucoup pour vos commentaires, ils me vont droit au coeur!
Je suis d'accord avec ce que tu exprimes si bien,
l'intelligence "sèche" ne m'intéresse pas
Vive l'HUMAIN et le coeur !
Enregistrer un commentaire