Il y a pile dix ans, je partais faire mes études à Londres.
Ca ne nous rajeunit pas, me direz-vous… Cependant, j’aime à penser qu’à 28 ans je suis encore jeune, presque aussi jeune qu’à 18, et que dans dix ans je me sentirai pareil ! (en un peu plus sage, peut-être ?)
En 1996, la Tate Modern n’était encore qu’une usine désaffectée et j’habitais en face de celle-ci. Le quartier de Bankside devenait effrayant après 18 heures, tellement dodgy que la résidence universitaire avait acheté un stock d’alarmes pour les revendre aux étudiantes, et que Dominic, cher Dominic, m’attendait en bas du pont Blackfriars le soir quand j’avais travaillé au labo de langues.
Pendant ces trois années à Londres, ma bourse vide m’a fait déménager quatre fois, à chaque fois plus loin du centre, pour finir dans le quartier de Hendon (un quartier fort sympathique au demeurant). Le problème avec Hendon, c’était la Northern Line qui le desservait, et qui était la ligne de métro la moins fiable de Londres – et c’est peu dire. Il paraît que, depuis, le métro londonien s’est amélioré, grâce aux travaux de l’entreprise de Christophe ( ?).
Pendant ces trois années, ma bourse vide m’a fait faire un nombre incalculable de petits boulots : cours de français (un classique), ‘gardiennage’ en nocturne du labo de langues, donc, et le plus dur, week-ends chez Lush, à Covent Garden.
Je coupais par morceaux de 200 grammes les blocs de savon de 5 kilos, et faisais dans le sous-sol la démonstration des boules de bain effervescentes. Si vous passez un de ces jours à Covent Garden, descendez au sous-sol de Lush, et l’odeur qui vous prendra à la gorge dès l’escalier vous fera comprendre pourquoi c’était pénible d’y rester 10 heures d’affilée !:) Ayez une petite pensée pour moi…
Je tiens à préciser qu’à l’époque, l’université était totalement gratuite pour les Européens, et qu’en trois ans, je n’ai pas versé un centime à mon école, pas même les frais d’inscription.
J’en suis éternellement reconnaissante au système d’éducation anglais, qui m’a permis de vivre les trois années les plus enrichissantes intellectuellement de ma vie.
Malgré cette évidence, ces trois années à Londres ne furent pas les plus heureuses de mon existence. J’étais mal dans ma peau, pauvre, et entourée de rich kids qui quittaient pour la première fois leurs parents, avec un compte en banque bien rempli. Une fois, mes ‘amis’ m’ont même donné comme raison de ne pas m’inviter à un dîner d’anniversaire que ce serait trop cher pour moi…
Pourtant, ces trois années ont forgé mon caractère et m’ont donné la conviction que si je peux aider mes enfants plus tard, je le ferai, mais sans trop les gâter. Il faut connaître la valeur des choses.
Aujourd’hui, quand je retourne à Londres, j’ai l’impression de voir une autre ville. C’est la même qu’il y a dix ans, et ce n’est pas la même.
La même, parce que je connais toujours le plan du métro par cœur, et que c’est ici que j’ai appris à parler avec l’accent anglais (et j’y tiens !).
Une autre, parce que je peux à présent entrer dans les magasins sans avoir peur de la tentation, et parce que, depuis, les Starbucks ont poussé comme des champignons.
J’ai l’impression de découvrir une ville que j’aurais connu dans une vie antérieure, ou bien dans un rêve.
lundi, septembre 18, 2006
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5 commentaires:
Si tu es comme moi, un jour tu auras la nostalgie de ces années de galère (bien qu'enrichissantes, intellectuellement), parce qu'on retrouve rarement une telle liberté plus tard dans la vie. Les "rich kids" ne connaîtront jamais cete liberté et auront toujours besoin de beaucoup d'argent pour être bien.
Nous, nous sommes contentes d'être sorties des gros problèmes financiers, nous apprécions les petites douceurs qu'il est maintenant possible de s'offrir, mais nous savons aussi qu'on peut vivre de grandes choses sans être riche.
A 28 ans, on est super jeune !!
La Holding à laquelle j'appartiens, détient London United (les bus et non le métro, enfin à ce que je pense).
Je viens de découvrir ce blog depuis hier et je l'apprecie tout particulièrement... Sans doute parce qu'il ressemble un peu à mon histoire et qu'il me fait doucement sourire. Parisienne pendant 23 ans, puis quebecoise d'adoption, à 28 ans je retraverse l'Atlantique et m'attaque à Londres.
Au plaisir de te lire encore...
@blue: tu as tout à fait raison! J'essaye quand même au maximum de ne pas être nostalgique de cette période, car c'était très dur à l'époque, et j'espérais que tout s'arrangerait plus tard... Et ça a été le cas, donc je n'ai plus le droit de me plaindre!:)
@parisian qc: en effet, nos parcours et nos âges sont assez similaires! Bienvenue sur mon blog!
Bonjour Geneviève,
Merci pour ton message, et à bientôt sur mon blog!
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