samedi, septembre 09, 2006

Scène de la vie parisienne

Xavi et moi profitions dimanche dernier de son dernier jour à Paris, dans son quartier favori : le Marais. Nous étions tranquillement attablés à la terrasse d’un café, place du marché Sainte-Catherine. Nous regardions s’affairer la rue de Rivoli tout en trempant nos croissants dans nos cafés-crème. Nous discutions à n’en plus finir, refaisions le monde, comme à notre habitude.

Nous avons fini nos premières tasses et en avons commandé deux autres. Bref, nous faisions un bon chiffre d’affaires au bistro. Quand le serveur a apporté nos deuxièmes cafés, je lui ai demandé un verre d’eau. Il m’a répondu, d’un ton sans appel : « il fallait le demander avant, je ne reviendrai pas. » Son ton était si péremptoire que j’ai cru un moment qu’il plaisantait. Ce n’est pas possible, jamais on ne m’a refusé un verre d’eau dans un café, même si je ne consomme rien ! Mon charme légendaire serait-il en train de me faire défaut ?  Et pourtant, l’homme est reparti pour ne plus revenir.
Je me suis retournée une ou deux fois vers le comptoir pour vérifier que le serveur ne préparait pas mon verre d’eau, mais non, il s’affairait avec d’autres clients. Je n’en croyais pas mes yeux. Quand il est revenu sur la terrasse, j’ai essayé d’accrocher son regard en le regardant avec insistance ; il a servi la table d’à côté, a recompté sa monnaie sur une autre table, et a fini par lever les yeux vers moi. J’ai réitéré ma demande, et il m’a répondu sèchement : « si vous voulez de l’eau, vous prenez une bouteille de Vittel. Je ne sers pas d’eau du robinet. »

Qu’ouïs-je ?? Xavi ne parle pas français, mais il a compris la teneur de la phrase à ma mine outrée. L’homme repart, et Xavi me lance :
« - Il faut se venger de ce c… ! On part sans payer ?
- Je ne sais pas trop… C’est illégal, quand même…
- Toi et ton respect des règles ! Un jour il faudra que je t’apprenne à vivre à la frange ! Bon ; ok pour payer, mais en pièces de 5 centimes, alors ! Comme ça, le c… aura à recompter !
Xavi se lève prestement et part faire de la monnaie à la pharmacie d’en face, d’où il ressort l’air satisfait et le poing fermé, plein de pièces cuivrées. Mon ami dépose théâtralement sur la table son tas de pièces et me dit :
« - Il y a le compte, mais franchement c’est une piètre vengeance ; je pense toujours que nous ne devrions pas payer du tout.
- D’accord, dis-je, faisons autre chose. Tiens, passe-moi la salière de la table d’à côté. » Xavi prend la salière et me la tend, en me demandant :
- « Et tu vas faire quoi, maintenant, avec ta salière ?
- Tu vas voir », dis-je l’air mystérieux.
Je dévisse la salière, y verse le reste de mon café –le sel se colore en marron-, et la referme, l’air de rien. Je me sens mieux.

Nous décidons que c’est suffisant, et nous nous levons. Nous restons à proximité, dans un coin de la place, afin de voir la réaction de notre serveur quand il s’approchera de notre table. Va-t-il rugir de colère ? Faut-il craindre pour notre vie ? (pas d’inquiétude, l’homme doit peser dans les 120 kilos, nous sommes sûrs de gagner s’il nous course dans tout le Marais !)

Malheureusement, le serveur ne nous fait pas ce plaisir : il n’a pas l’air pressé de venir récupérer sa monnaie, et reste dans le café. « Tu vois, me dit Xavi, nous n’aurions pas dû payer, nous ne nous serions même pas fait prendre. »

2 commentaires:

Christophe Berget a dit…

Quel connard ce serveur !!

Blue a dit…

Ah, Blanche! Nous sommes dans le même état d'esprit ce soir, on dirait, côté plaisirs de la vie parisienne. (c.f. mon billet d'aujourdh'hui) ;)