Du Québec, je savais que :
• on y parle français avec un accent ‘québécois’
• c’est le berceau de Roch Voisine, Céline Dion et Isabelle Boulay
• les paysages d’automne y sont magnifiques, et le sirop d’érable délicieux.
Je savais peu de choses, donc, et j’avoue ici mon ignorance. Depuis quelques mois, je lis régulièrement des blogs québécois, que j’apprécie beaucoup, et qui, aujourd’hui, m’interpellent : pourquoi, en particulier sur les blogs de Québécois expatriés, analyse-t-on souvent les différences identitaires entre les Français et les Anglais ?
Comme me le faisait remarquer Blue, les blogueurs expatriés, à Paris ou à Londres, font tout simplement preuve d’ouverture d’esprit en s’interrogeant sur les pays qui les accueillent.
Cependant, et je le lis également dans les commentaires de leur billets, j’ai l’impression que cet intérêt pour la comparaison n’est pas juste une analyse sociologique, mais quelque chose de plus profond pour le sentiment d’identité québécoise, tant cette analyse est récurrente.
Je suis en général d’accord avec ces analyses France/Angleterre, disons, à 70%.
Les 30% restants sont dus à une impression de plus en plus nette : la rivalité franco-anglaise, tant débattue, et même, j’ose écrire, tant chérie, s’infléchit d’année en année depuis… l’ouverture du tunnel sous la Manche.
Il n’y a que voir les publicités pour l’Eurostar : au début, leur teneur portait sur ‘le droit en 3 heures d’investir le territoire ennemi’ (ma périphrase), puis on a mis l’accent sur le flegme et l’humour anglais, ou l’idéalisme et la propension à s’indigner des Français, traits typiques des uns et des autres. Cette année, les dernières affiches montraient 2 œufs sur le plat et des baked beans à côté et allant vers le jaune d’œuf ; la métaphore est assez claire, et n’a plus grand-chose à voir avec un quelconque antagonisme France/GB.
De plus, on n’a jamais eu autant d’Anglais qui s’installent dans les campagnes françaises, à la recherche de la douceur de vivre et d’un immobilier abordable (quoique, cela risque de ne pas durer), et jamais autant de Français à Londres, à la recherche d’un travail qu’ils ne trouvent pas en France. Bref, les Anglais s’autorisent à avoir envie de qualité de vie, et les Français à être pragmatiques.
Ainsi, les identités et traits de caractères ‘typiques’ des Anglais et Français n’ont jamais été aussi perméables.
Ce qui est formidable pour l’Européenne convaincue que je suis.
Or, comme Blue l’expliquait sur le blog de Caroline : ‘la définition de l’identité québécoise par rapport à l’identité canadienne se fait à même l’opposition français-anglais de nos origines’.
On peut donc se demander si le fait que les antagonismes d’identité Français-Anglais s’infléchissent peu à peu ne menacerait pas l’équilibre dans la définition de l’identité québécoise.
Qu’en pensez-vous, chers blogueurs québécois ?
Finalement, quelles sont les autres composantes de cette identité ? Qu’en est-il de l’appartenance au Canada ? Lorsqu’on demande à un Québécois d’où il vient, répond-il ‘du Québec’, ou ‘du Canada’ ?
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13 commentaires:
Évidemment, je trouve ton billet tout à fait passionnant!
Ton analyse des publicités de l'Eurostar pointe sans doute dans la bonne direction. Les oppositions d'aplanissent. Mais n'empêche, c'est une journaliste française qui, il y a quelques semaines, publiait encore un livre sur les grandes différences entre la France et l'Angleterre!
Pour la définition de l'identité québécoise qui recevra les contrecoups de la rivalité anglaise/française, je ne sais pas trop... Notre identité "de base" s'est formée avec les identités anglaise et française d'il y a longtemps, elle ne se contruit plus exclusivement selon ce que ces deux identités "mères" deviennent.
Mais ça n'empêche pas de se questionner à partir de tout cela tout en même temps. Car c'est si plaisant! :)
Pour répondre à ta dernière question, je n'ai pour ma part de canadien que le passeport. Autrement je m'identifie davantage au Québec, notamment par son fait français et sa tendance gauchisante, contrairement au Canada plutôt de centre droite. Il n'y a qu'à voir le dossier de l'environnement (le Canada fait défaut au protocole de Kyoto tandis que le Québec a des lois pro-environnementales) pour comprendre que le Qc et le Canada sont souvent à couteaux tirés. D'ailleurs, j'ai bien aimé le commentaire de Mme Nelly Olin à Nairobi.
Pour ma part, je m'identifie totalement au Québec... je ne sent aucune appartenance particulière au Canada..!
Pour ce qui estn de la rivalité anglaise/française, elle remonte bien sûr au temps de nos ancêtres de la France et de l'Angleterre, dances politiques de centre droit du Canada ne m'attiremais elle s'est aussi bâtie une identité québécoise/canadienne bien à elle : dans l'histoire, il y a bien des fois où les québécois ont été bafoués par le Canada, autant au temps des patriotes que plus récemment (je pense entre autre à la Constitution qui a été rapatriée sans même que notre premier ministre québécois, René Lévesque, en soit informé, il n'y a même pas 30 ans..!)
Très intéressant sujet ! ;)
Bonjour Blanche,
Très intéressant ton billet. L'applanissement des différences entre Francais et Anglais, n'est peut-être qu'une appropriation des avantages de chacuns. Pour ma part l'an dernier j'ai travaillé en France pendant 8 mois et j'ai été un peu surpris de l'importance des diffférences entre les peuples Européens. Je croyais à tort que l'union avait applani plusque ce que j'ai observé.
Au Quebec ,notre attachement à la langue francaise nous empêche de nous identifier à la partie anglophone du reste du Canada. Nous sommes des Gaulois qui résistent encore et toujours à l'envahisseur !!!Québécois nous nous appelons, mais parfois hors du Canada nous profitons de la sympathie associé au nom de Canadien, ce qui risque de ne pas durer depuis que nosu participons à la force d'attaque en Afganistan.
Merci pour vos commentaires, ils sont très intéressants!
@Caroline: je comprends cette auteure qui publie ce livre; c'est un fond de commerce inépuisable!:) Mais j'avoue que je trouve un peu dommage de continuer à forcer le trait, justement quand on commence à sortir des caricatures...
@Regor: tu aurais dû débarquer il y a 30 ans, tu aurais été encore plus étonné!:)
@Annie: euh, qu'a dit Nelly Ollin exactement?
J'ai compris que si l'identité du Québec s'est construite à partir des mélanges français-anglais, ceci est du passé, et que plein d'autres choses définissent le Québec aujourd'hui.
Par contre, j'avoue, je suis perplexe à propos de la vision sur le Canada: la majorité de la population souhaite-t-elle faire sécession, ou le Québec est-il une région forte, comme par exemple la Bretagne chez nous, qui assume son identité, mais souhaite vivre à l'intérieur de la fédération?
Salut Blanche
Pour ce qui est de l'appartenance, la très grande majorité des québecois se disent québecois et non canadiens, contrairement au reste de la population canadienne. D'ailleurs, la plupart du temps, les uns ne veulent rien avoir à faire avec les autres et les blagues de québecois sur les anglophones et des anglophones sur les québecois sont légions.
Par contre, question souveraineté, c'est beaucoup moins clair. Une partie des québecois veulent à tout prix faire du Québec un pays alors que l'autre n'en voit pas l'utilité. Ce n'est pas un hasard si ce débat-là traîne depuis plus de 30 ans!
Ouais la souveraineté... débat qui est loin d'être terminé !
J'ai pour ma part longtemps été pour la souveraineté (depuis le référendum de 95 en fait, alors que je n'avais que 8 ans..!)... seulement ces temps-ci, sans être devenue contre, on dirait que je ne trouve plus d'arguments personnels... et comme le disait Blanche à propos de la Bretagne... je crois qu'il serait possible de garder notre identité sans la souveraineté...
Enfin bref... la souveraineté, pour moi, c'est plus qu'un débat de société : c'est aussi un débat avec moi-même... j'ai bien le temps de me décider d'ici au prochain référendum ! (Si référendum il y a lol !)
Nelly Olin a reproché au Canada sa défection au protocole de Kyoto en ajoutant que, heureusement, il n'en allait pas de même pour le Québec. Dans la pure tradition de De Gaulle :-)
Pour ce qui est de l'évolution des identités française et anglaise aujourd'hui, je ne crois pas que cela ait la moindre influence sur l'identité des Québécois. Tout cela fait partie du passé.
Ma vision du Québec et du Canada a beaucoup changé depuis que je vis à l'étranger (4 ans) et je suis plus attachée au Canada qu'avant et pas juste pour mon passeport et la sympathie qu'on reçoit automatiquement quand on se dit canadien.
Il faut aussi être réaliste : le Québec est très peu, sauf en France. Alors à l'étranger, je me dis canadienne-française et j'ajoute souvent "du Québec", au cas où ça leur dirait quelque chose.
Une chose qui m'a beaucoup étonnée aussi, c'est l'ignorance de l'histoire du Canada en Europe. Pas grand-monde n'a conscience de l'antagonisme/dualité français-anglais chez nous. En fait, on nous en rebat les oreilles depuis tellement longtemps que je supposais à tort que le monde entier était au courant, comme pour l'Irlande et l'Angleterre. Mais non, pas du tout. Ça nous remet en perspective!
"très peu connu"... il manque un mot, désolée
@Blue: je suis d'accord avec toi quand tu écris que l'on sent davantage son appartenance à un pays lorsqu'on en est loin: on arrive dans un endroit inconnu, déroutant, et ça nous rassure de nous rapprocher 'dans l'esprit' de l'endroit d'où l'on vient.
En ce qui concerne l'histoire du Canada et du Québec, c'est vrai qu'ici nous n'en connaissons rien, à part la fameuse phrase de de Gaulle 'vive le Québec libre'.
Il y a aussi le fait que, comme on parle français au Québec et que les Français ne sont pas spécialement pro-américains, les Français ont un capital-sympathie énorme envers le Québec, bout de terre courageux qui résiste encore à l'envahisseur US! (référence à Asterix...:) )
D'ailleurs, je me demande si, parmi tous les Français qui immigrent au Québec, la déception -si déception il y a- d'une partie d'entre eux ne vient pas de leurs énormes attentes, justement, disproportionnées par rapport à ce qu'on peut attendre d'un pays accueillant, quel qu'il soit.
Mais ma foi, je ne sais pas, et je me garderai bien de juger, car je ne suis jamais allée au Québec!:)
Le problème de fond (dont parlaient récemment les visiteurs de ton blog), finalement, ce n'est pas le Québec ou la France, c'est ce que s'installer dans un autre pays signifie.
Avec toute l'ouverture d'esprit que cela requiert, et le moins d'attentes possible, afin de prendre ce qui vient comme il vient...
Blanche, tu as raison. Ce que que je trouve dommage, c'est que ces Français soient déçus du Québec après avoir eu des attentes irréalistes et en imputent la faute à tous les Québécois! C'est très infantile comme comportement.
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