Tu avais très envie d’aller à un lac que tu avais découvert sur le trajet du tramway qui allait à l’institut. Tu passais devant ce lac tous les jours. Il était insoupçonnable, caché derrière les immeubles de la bruyante avenue Lénine, et pourtant il était là, entouré d’arbres nus et recouvert de glace. Une bulle de silence. Je t’ai promis que nous irions ensemble. Nous devions y aller un dimanche, mais des amis russes m’ont proposé de faire du ski ce jour-là. Qu’ai-je choisi ? J’ai honte de répondre… J’ai choisi de faire du ski. J’étais trop curieuse de voir comment on en faisait en Russie... Je le regrette encore aujourd’hui.
Je suis partie avec eux en métro, mes skis dans les bras. J’ai fait de mon mieux pour ne pas rentrer trop tard, j’ai écourté un peu impoliment le thé chez mes amis, mais il faisait déjà nuit et j’étais fatiguée lorsque je suis rentrée au foyer. Tu tenais beaucoup à ce que nous allions voir ce lac ensemble. Tu ne m’as rien reproché, mais je sais que tu étais triste. Pardon... Le temps m’était compté, et nous ne sommes pas allés au lac ensemble.
Tu allais faire toutes tes études à Moscou, mais moi je devais reprendre les miennes à Paris. On était en février. Nous avons toujours su que je devrais partir. Mais nous nous sommes laissé prendre au jeu. C’était si doux de ne pas s’empêcher de glisser. J’ai tout laissé faire, tout laissé venir, avec délice et impatience.
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2 commentaires:
C'est clair qu'il a dû être triste... Je compatis avec lui.
J'aime beaucoup !!
AH la culpabilité, souvent triste résultat d'un écart de ce qu'il aurait été mieux de faire.
Et on s'en veut pour rien .
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