vendredi, janvier 05, 2007

La quête du cordonnier en banlieue

Ces dernières semaines, je suis beaucoup restée chez Clément. On ne peut encore parler d’emménagement car il n’y a pour l’instant rien d’officiel, mais disons que son appartement a un gros avantage : il est à un emplacement stratégique.
En banlieue (ce n’est pas cela qui est stratégique).
A quinze minutes à pieds de mon bureau.

Or, quel Parisien ne rêve pas de pouvoir se rendre au bureau à pieds ?
Et… quel Parisien rêve de vivre en banlieue ?
Les réponses à ces deux questions sont ‘aucun’ et ‘tous’, pas forcément dans le bon ordre…

Eh oui, Clément habite en ‘proche banlieue’.
Pour nos amis Canadiens, quoi qu’on en croie, Paris est une toute petite ville – à peine deux millions d’habitants. C’est sa banlieue –huit millions- qui est étendue.
La proche banlieue pourrait être considérée comme le centre par des visiteurs venant de mégalopoles : par exemple, à Londres, elle se trouverait en zone deux du métro. Mais un Parisien qui se respecte (moi !) aura toujours du mal à franchir la barrière psychologique et physique du boulevard Périphérique. Voilà, c’est dit.

Chez Clément, à force de marcher, je me suis donc trouvée avec des chaussures aux talons abîmés.
J’ai commencé par aller chez un cordonnier à côté de mon bureau, conseillé par une collègue. Le petit homme dans sa guitoune a clouté mes talons, les rendant encore plus glissants qu’avant. Très utile.
Je suis retournée le voir, et tout ce qu’il a trouvé à faire, c’est enfoncer le clou avec un marteau ; je l’ai vu s’acharner sur mes Sergio Rossi, tétanisée. Chez moi, le soulier est sacré !
En reprenant mes esprits, je lui ai arraché mes chaussures des mains et ai exigé un remboursement. Mais ne rêvons pas, la France n’est pas les USA, et le client n’est pas roi.
J’ai quitté la boutique en fulminant, mes chaussures meurtries sous le bras.

En rentrant chez Clément, j’ai cherché sur internet d’autres cordonniers dans la ville de banlieue où se trouve mon bureau.
Le lendemain midi, j’ai essayé la première adresse. Dix petites minutes de marche le ventre vide, ça ouvre l’appétit pour la cantine ! Arrivée devant la devanture, le volet baissé m’a barré la route et un écriteau m’a informée : ‘fermeture définitive pour cause de retraite.’
Bien. Chou blanc cette fois encore.

Hier soir, en quittant le travail, j’ai voulu essayer la seconde adresse, qui se trouve entre le bureau et l’appartement de Clément.
Je suis donc partie du bureau vers 19h10, en priant pour que le commerçant soit ouvert jusqu’à 19h30.
Evidemment, jamais deux sans trois, le cordonnier fermait à 19h…
Je suis arrivée chez Clément tellement en colère que j’ai dû utiliser les grands moyens pour déstresser : bain moussant et verre de vin rouge.

Et maintenant, en tant que Parisienne, j’ai une autre bonne raison pour ne pas comprendre la banlieue : comment peut-on travailler –avec les horaires que l’on sait-, et vivre en banlieue, où tout ferme à 19h ?
Les quartiers sont tristes, et on est obligé de faire toutes ses courses le samedi –avant 19h-, et en même temps que tout le monde !

16 commentaires:

Blue a dit…

Ah, je te comprends. J'habite Paris intra muros et je marche énormément. J'ai aussi toujours un sac à dos de cuir que je trimballe partout. Le malheur, c'est que la fermeture éclair me lâche et qu'aucun des trois cordonniers que j'ai vus ne veut se "faire chier" à la réparer. Non mais!

Onassis a dit…

Quelle galère ! :)

Déménage au Québec. Comme ça quand tes pompes seront out of order, tu devras les jeter et en acheter d'autres. Parce que l'Amérique du Nord, c'est la consommation. Tous les jours, la consommation. Tiens, je ne sais même pas si ça existe encore ici des cordonniers.

Blanche a dit…

@Onassis: je n'arrive pas à le croire!!! Pas de cordonnier aux US? Moi qui suis une adepte du recyclage et du reprisage en tous genres!:)

Onassis a dit…

Je ne suis pas aux US :)
Ça doit exister. Mais je n'en ai pas vus...

Blue a dit…

Onassis, si si, ça existe encore des cordonniers au Québec, mais on en trouve plus facilement dans les petites villes.

Anonyme a dit…

Je seconde Onassis pour déclarer que les coordonniers sont une denrée rare (et vieillissante!) en sol québécois. Au royaume Nord-Américain de la consommation, il est plus facile (!) de jeter et racheter que d'attendre quelques jours pour des réparations. Moi ça me désole ... mais de toute façon, les souliers et moi, ce n'est pas l'amour fou comme dans ton cas hihi ! Quoiqu'il en soit, elle m'a bien fait sourire ton aventure rocambolesque ;)

Chris a dit…

hum hum, petite ville, tu dis, 2 millions d'habitants?! je n'ose pas te demander ta définition pour ma ville qui n'en compte qu'un ridicule 40 000!...

Marilyn la Californienne a dit…

Ici, je suis heureuse de te raconte, il y a quelques cordonniers, dans les petites villes comme la mienne aussi -- mais les heures sont un peu limitées aussi. Courage -- ne jette pas les bonnes chaussures! Il faut éconiser pour les vacançes, n'est-ce pas? ;>) (Les mots d'une Californienne!!)

Marilyn

REGOR a dit…

Comment petite ville de 40,000 habitants c'est de la mégapole , moi c'est 2368 habitants en haute saison.....et il y a un cordonnier..Mais c'est vrai que la distinction que j'ai percu durant mes 8 mois à Belfort,entre la France et le Quebec c'est la relation entre le client et le commercant.
Dans un restaurant ici on choisi selon ce qu'on veut et quand on veut... en France tu prend selon la méthode que le chef veux bien...Pas de beurre avec du pain c'est obscène...pas de repas subito-presto.... Non Monsieur ici, en France on mange comme des gens civilisé et on prend le temps temps qu'il faut selon ce que le chef considère adapté, ni plus vite , ni moins.Et les commerces ferment très tôt en France, et avec des horaires restreignants mais les tavailleurs de ces commerces ont une qualité de vie tandis qu'au Quebec , ils travaillent jusqu'à 23:00 hrs pratiquement tous les jours. C'est souvent des étudiants qui se retrouvent avec ces horaires. Au Québec presque tous les étudiants travaillent plusieurs heures par semaines.

Blue a dit…

Chris, je viens du Québec. ;)

Blanche a dit…

@Onassis: je sais que tu n'habites pas aux US!:) Mais pour moi, le pays le plus consumériste du monde, c'est les US! J'avoue que je ne vois pas le Canada comme ça, mais je n'y suis allée qu'une fois, et je peux me tromper!

@Regor, Chris: vous avez raison, tout est question d'échelle... Disons que par rapport à Londres, Berlin ou Moscou, Paris est une petite capitale!:)
Egalement, en Europe, la France est considérée comme un grand pays, mais c'est un petit pays comparé avec le Canada!:)
En fait, ce que je veux dire, c'est que Paris fait un peu village par rapport aux grandes mégalopoles occidentales...

Au fait, Regor, je peux t'envoyer mes chaussures pour que tu les portes à ton cordonnier?:))

Véronique a dit…

Pour les "mauvaises langues" qui disent qu'il n'y a plus de cordonniers au Québec: j'ai vécu quelques années sur Côte-des-Neiges et j'ai utilié à plusieurs reprises les services d'un cordonnier pour réparer mes chaussures. il m'a entièrement refait les semelles pour 20$, j'ai encore ces chaussures d'ailleurs!
Mais c'est vrai que ces métiers ont tendance à disparaître, c'est bien dommage...

Onassis a dit…

Veronique : Mauvaise langue moi ? :)

(c'est une blague..)

J'ai habité ce quartier aussi..mais je n'en ai pas vus. Ah, oui. Peut-etre au centre d'achat sur Van Horne ?

Phoebe a dit…

Eh oh, t'as du bol de pouvoir voir ton mec souvent et d'aller vivre avec lui alors bon, ça va hein !!!
(sniff)
(moi c'est trooop la galèèère)
*sanglots*

Elodie a dit…

Au delà des discussions sur le Quebec et les US, quelle est la conclusion de cette histoir? As-tu trouvé un coordonnier d'exception pour tes Sergio Rossi? Comme toi accro des italiennes, je cherche une perle rare pour refaire les talons d'une paire de Gucci.
Merci!

Blanche a dit…

Bonjour Elodie, bienvenue sur mon blog!

Je te conseille le cordonnier à côté de mon ancien appart (je n'ai pas encore trouvé mieux), avenue de Versailles (vers n°90) dans le 16ème! (si tu habites dans le coin).