J’ai longtemps pensé que je n’aurais pas d’enfant ; contrairement à ma sœur, je n’ai jamais ressenti cette fascination qu’elle a eue pour chaque petit cousin né après qu’elle a eu sept ans. A chaque naissance, elle demandait à nos tantes si elle pouvait vivre quelques jours chez elles, afin d’apprendre à s’occuper d’un bébé.
Plus tard, quand nous avons grandi, les appels du pied de ma mère me faisaient sourire : « la fille de nos anciens voisins au eu un petit garçon ! » « Te souviens-tu de ta petite camarade d’école primaire ? Eh bien, j’ai croisé sa mère au marché ce matin, et elle a accouché hier. » « Tant mieux pour elle », répondais-je indifféremment.
Et puis un jour, ma sœur a eu un enfant.
Elle vivait au Canada et je ne l’ai pas vue enceinte. Tout cela restait donc abstrait, j’étais même bien plus inquiète pour elle que pour ‘le bébé’ quand elle a accouché.
Et puis j’ai reçu les premières photos : cette toute petite bouille fatiguée qui repose sur l’épaule de sa mère m’a fait fondre.Je suis devenue une tante.
Une tata-gâteau qui dévalisait les rayons bébé de Zara et s’extasiait en entendant au bout du téléphone les pleurs du nourrisson.
J’ai rencontré mon neveu pour la première fois quand il avait quatre mois. Mes parents étaient allés chercher ma sœur à l’aéroport et je les attendais chez eux. Quand j’ai entendu la voiture se garer devant le portail, je me suis précipitée pour voir ma sœur et… je suis restée bouche bée devant le siège-bébé.
Le petit Pierre me regardait avec neutralité. Ma sœur m’a demandé si je voulais le prendre ; je n’y avais même pas pensé… J’ai regardé ma sœur, incrédule. Elle souriait, l’air détendu.
Avec la précaution de la Bête qui embrasse sa Belle, je l’ai pris dans mes bras. Incroyable, il ne s’est pas mis à pleurer !
Mon aura aurait-elle changé avec les années ? Je me souviens de mes fameux cousins qui poussaient des hurlements quand leur maladroite cousine Blanche les prenait dans ses bras, attends, non, pas dans ce sens, j’ai le doigt coincé, tiens-lui bien la tête !!!
J’ai porté Pierre jusqu’à la maison, il a quitté des yeux sa mère quelques secondes, j’ai guetté un chouinement, mais non, il se sentait bien dans mes bras !
Six mois plus tard, ma sœur nous a à nouveau rendu visite, et j’ai goûté aux joies du câlin spontané –les enfants de dix mois savent-ils faire cela ? eh oui !-, et au dernier biberon avant la nuit : combien de temps mettra Blanche à endormir le petit après la dernière gorgée ? Réponse : instantanément ! La tétine même encore dans la bouche ! Tant pis pour les membres de ma famille réunis autour de moi, éberlués devant –l’inattendu- bonheur de Blanche à tenir un bébé dans ses bras.
Pierre dormait. Je n’osais pas bouger d’un cil. J’étais engourdie, sa tête appuyait fort sur ma poitrine mais je m’en fichais : de ses cheveux émanait une odeur enivrante et merveilleuse. Ce jour-là, j’ai définitivement perdu mon dédain… Et tant pis pour la carapace !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
eh bien ça y est, toi aussi tu t'y mets ;-)
mai et la vague de bébés...
C'est vrai qu'ils nous font craquer ces p'tits bouts... Je vois mon Angélique qui se met à répéter tout ce que l'on dit avec ça façon de parler....
J'étais comme toi avec mes cousins et cousines, lorsqu'ils naissaient, j'en avais rien à faire !!
Les naissances qui m'ont intéressées sont celles de ma dernière soeur (j'avais 6 ans) et des enfants de mes soeurs (et mes deux filles évidemment).
Moi, je suis plutot comme ta soeur tu vois! Ma dernière petite soeur est née quand j'avais 12 ans donc j'ai bien joué à la maman à l'époque. C'est d'ailleurs dur dur de la voir grandir ... Récemment, il y a eu beaucoup de naissances autour de moi et je me rends compte que je deviens même jalouse de mes copains/copines et leurs petits bouts!
Marmel: attention, je n'ai pas dit que j'étais enceinte pour l'instant!:))
Enregistrer un commentaire