
Quand j’ai ouvert les volets ce matin, le soleil a envahi ma chambre. Il allait faire beau, aujourd’hui. Je suis sortie sur le balcon et là, ô miracle, il faisait frais. Bien, frais, comme en automne. Enfin !
Je n’en pouvais plus de cet été qui se traîne, des nu-pieds qui font de la résistance, et moi qui n’ai qu’une envie : les mettre à la cave jusqu’à l’année prochaine…
L’automne est ma saison préférée : les journées douces et la nuit plus tôt, la promesse d’un hiver encore flou, les marrons qui tombent dans la cour de récré, tout lisses et tout brillants… et bien sûr, les nouvelles collections et leur matières nobles : soie, cachemire…
L’automne, c’est aussi la rentrée, un nouveau départ, une nouvelle année, et une nouvelle recharge dans mon Filofax.
Quand l’été résiste en septembre, pour moi c’est juste anachronique… Même si c’est le calendrier qui veut ça.
Qui peut bien aimer, me demanderez-vous, les jours qui raccourcissent, les feuilles qui tombent, la disparition des fruits juteux sur les étals du marché ?
Eh bien, je vous répondrai, d’après la théorie de ma prof de russe à Londres, les gens… optimistes !
Eh oui, d’après elle, ceux qui aiment l’automne profitent précisément de ses beautés parce qu’ils n’ont pas besoin d’être rassurés par la vie qui renaît : les bourgeons dans les arbres, les jours qui rallongent,… le printemps.
Les pessimistes ont besoin du printemps, et les optimistes préfèrent l’automne.
Il faut dire que les Russes ont un rapport à l’automne tout particulier : ils le vénèrent d’autant plus qu’ils savent le rude hiver qui les attend juste après.
Pouchkine lui aussi adorait l’automne. C’est le thème d’un grand nombre de ses poèmes :
‘A chaque automne, je me sens revivre ;
Le froid russe est bon pour ma santé,
Je ressens à nouveau l’amour des habitudes de la vie :
Le sommeil vient facilement, la faim aussi ;
Mon sang coule avec bonheur dans mes veines.
Les envies bouillonnent – je suis à nouveau heureux, jeune ;
Je suis à nouveau plein de vie – tel est mon organisme.
(Et pardonnez-moi mon inutile prosaïsme).’
(traduction libre de Blanche).